Sur les traces de Sherlock Holmes

Il est temps, si tu l’acceptes, de mener une enquête. Les indices que nous avons à notre disposition se trouvent dans un jeu, que l’on pourrait qualifier d’insolite par rapport à ses aînés. Dernier né de la franchise Les Aventures de Sherlock Holmes, The Devil’s Daughter, sorti en 2016, est quelque peu à part. Maintenant, mon cher lecteur, il est temps de suivre la piste du plus célèbre détective consultant de la littérature. Une multitude de questions se posent. Qui est-il ? D’où vient-il ? Quelles empreintes a-t-il laissées sur ce jeu bien particulier ? Tu verras que les réponses sont élémentaires, cher lecteur, (et sans spoiler).

Sherlock Holmes, tel qu’il apparait dans The Devil’s Daughter (2016)

Qui est Sherlock Holmes ?

Bien qu’il soit né à la fin du dix-neuvième siècle, Sherlock Holmes est un personnage iconique, et encore redoutablement apprécié de nos jours. Son père spirituel n’est autre que Sir Arthur Conan Doyle. Pourtant, ce romancier partage plus de points communs avec le Docteur Watson. Il était lui-même médecin ainsi que l’heureux propriétaire d’une fière moustache. Sherlock Holmes est un détective consultant qui se base, pour ses enquêtes, sur la science de la déduction. Il utilise ses facultés d’observation pour émettre des suppositions qui se révèlent souvent exactes. D’après le mentaliste Fabien Olicard, le prénom Sherlock serait notamment inspiré de celui d’un auteur de médecine et de celui d’un violoniste. Voilà qui expliquerait les prédispositions du détective pour le violon ! Le nom Holmes serait un hommage à l’homme de lettres et de sciences Oliver Wendell Holmes. Sherlock n’est pas le seul personnage créé par Conan Doyle : on peut notamment citer le Professeur Chalenger. Il est toutefois celui qui a rendu l’auteur particulièrement prolifique. Sherlock Holmes serait apparu dans plus de 50 nouvelles et dans pas moins de 4 romans. Sa première apparition est dans le roman Une étude en rouge, paru en 1887.

« Vous n’aimez vraiment pas ma moustache, Holmes ? » s’inquiéta le Dr Watson.

De l’inspiration à l’adaptation

Il est temps d’aborder un tournant plus complexe de l’enquête. D’où vient Sherlock Holmes ? Eh bien, il serait largement inspiré d’un professeur d’Arthur Conan Doyle, répondant au nom de Joseph Bell. Le détective a hérité de lui ses méthodes, et non pas son excentricité, espérons-le. Il pourrait aussi être inspiré de Auguste Dupin, personnage inventé par Edgar Allan Poe. Il est d’ailleurs explicitement évoqué dans Une étude en rouge. Mais comme tous les personnages qui deviennent intemporels, Sherlock est par-dessus tout devenu une source d’inspiration. Son empreinte dans le paysage littéraire est immense, qu’il s’agisse d’écrits d’Arthur Conan Doyle ou d’autres auteurs. L’ennemi juré de Moriarty a aussi assailli les petits et grands écrans. Il existe plus d’une vingtaine d’adaptations cinématographiques ou télévisuelles. Comme beaucoup, j’ai été marquée par les films de Guy Ritchie et par-dessus tout par la série Sherlock, diffusée en 2010. J’ai même eu l’occasion de visiter le musée et la boutique Sherlock Holmes, ouverts au 221B Baker Street, à Londres. Cette adresse t’est familière ? J’espère bien ! Mais plus intéressant encore, Sherlock Holmes a été le sujet de nombreuses adaptations vidéoludiques, et ce depuis les années 80 ! Il s’est souvent agi d’aventures textuelles. Le dernier jeu en date n’est autre que The Devil’s Daughter. Il est donc temps d’entrer dans le vif du sujet.

Sherlock a la fâcheuse habitude de fouiller dans les affaires d’autrui.

Sherlock Holmes : The Devil’s Daughter

Ce jeu développé par Frogwares possède un état d’esprit assez fidèle à l’égard du monument littéraire. Non seulement Sherlock Holmes est un détective astucieux dont les méthodes n’ont de cesse de surprendre, mais il est également excentrique, et il lui manque quelques facultés… sociales, dirons-nous. Quoiqu’il reste très classique, le jeu est relativement ingénieux et amusant. Outre Sherlock Holmes, tu es amené à incarner, brièvement, d’autres personnages qui apparaissent dans les récits. Il y a le Docteur Watson, bien entendu, mais aussi Wiggins, un jeune garçon des rues et livreur de journaux, et même Toby, le chien du Docteur Watson ! Des PNJs viennent étoffer la galerie des personnages connus, à l’instar de l’inspecteur Lestrade, mais je n’en dirai pas plus, afin de ne pas te priver de toutes les surprises du jeu. Ce qui est appréciable, c’est que la VF est assurée par Gilles Morvan, Yann Peira et Loïc Houdré, qui doublaient respectivement Sherlock, Watson et Lestrade dans la série de 2010.

Force est de constater que le gameplay de The Devil’s Daughter n’a de cesse de se renouveler. L’intrigue se déroule au fil de cinq enquêtes. Les nœuds de ces enquêtes se dénouent au moyen de mécaniques de gameplay extrêmement variées, et qui se répètent peu. The Devil’s Daughter est une véritable mine d’énigmes et de mini-jeux en tous genres. Sherlock Holmes doit par exemple se déguiser pour approcher certains suspects et témoins. Il réalise des expériences de chimie afin de vérifier des hypothèses, et il utilise la science de la déduction, notamment pour dresser le portrait des différents personnages mêlés à l’enquête. L’intrigue peut même se targuer de permettre au joueur de conclure les enquêtes comme il l’entend. Cela peut se traduire par quelques choix moraux. Tout ceci est très alléchant, et plutôt fun, mais le revers de la médaille n’est pas moindre. Du point de vue des graphismes et sur le plan technique, le jeu est très loin du nec plus ultra. Il expérimente tant de gameplay différents qu’il ne peut pas toujours s’en tirer avec les honneurs. D’autre part, il est plutôt facile, dans l’ensemble. J’ai malgré tout gardé du plaisir à y jouer.

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Pour cause, les différents décors et textes du jeu regorgent de références à l’univers Sherlock Holmes. (Je te conseille vivement de regarder le diaporama ci-dessus, pour avoir un aperçu des mini-jeux ou des références). Je suis très loin d’être une experte en la matière, et pourtant, j’en ai relevée plusieurs. La plus évidente est le nom de la deuxième enquête du jeu : celle-ci s’intitule Une étude en… vert. Bien que Mycroft, le frère de Sherlock, ne soit pas présent physiquement, le détective a une pensée ironique, à son égard, lorsqu’il aperçoit une publicité en ville. Lorsque l’on dresse le portrait d’une femme appelée Mary Sutherland, Sherlock constate que ses bottines sont dépareillées. Ce cas très court à traiter est directement tiré de la nouvelle Une affaire d’identité, sortie en 1891. Les références envers la culture britannique, en général, ne sont pas en reste. Lorsque Sherlock consulte ses archives, on peut notamment trouver les noms de Jack l’éventreur ou de Dorian Gray. L’un des PNJs du jeu, un comédien excentrique, s’appelle Orson Wilde, et rend probablement hommage à Oscar. (Et je ne parle pas de la statuette dorée). D’un point de vue purement vidéoludique, j’ai trouvé que les décors et les énigmes de la deuxième enquête : Une étude en vert, sont une référence aux jeux Tomb Raider. Pour finir, la dernière enquête se résout en partie au Highgate Cemetery, un des cimetières les plus célèbres (et magnifiques) de Londres. Cette enquête, intitulée Rêves enfiévrés, donne du sens au titre du jeu : The Devil’s Daughter. Je ne révélerai rien, cela va sans dire, mais cette enquête, parsemée de spiritisme et d’occultisme, pourrait être une référence à la croyance dévouée d’Arthur Conan Doyle, en ces pratiques.

Sherlock a une pensée émue pour son frère.

Résolution

Voilà, j’espère que tu en sais un peu plus, désormais, sur le célèbre détective consultant. Ce personnage iconique, créé par Arthur Conan Doyle a plusieurs sources d’inspiration. Mais il est par-dessus tout devenu le sujet d’innombrables adaptations, et ce, dans plusieurs médias. Le jeu vidéo est bien sûr celui qui nous intéresse le plus. Même si The Devil’s Daughter souffre de défauts techniques et se révèle assez court, je dois admettre que j’ai pris un plaisir coupable à arpenter ce jeu. Il faut dire que les références envers l’univers Sherlock Holmes ou la culture britannique ont su égayer mon cœur de fan, et ce, même si j’ai certainement dû en rater beaucoup. Mais où vas-tu ? Je ne vais pas te laisser partir ainsi. Il est maintenant temps de tester tes propres capacités d’observation et de déduction. Un certain Mystic Falco a dissimulé quatre références à l’univers du détective, dans la miniature de l’article. Sauras-tu toutes les identifier ?

 

13 réflexions au sujet de « Sur les traces de Sherlock Holmes »

  1. Ah, c’est un plaisir de lire ton article sur Devil’s Daughter ! On ressent dans tes mots l’enthousiasme et le plaisir que tu as eus à faire cette aventure, même si elle n’était pas parfaite. Les ambiances victoriennes, ça a un côté très agréable et familier, de toute façon, on adore ça en général. C’est cool d’avoir un petit tracé des inspirations de ce cher détective, de ceux qui lui ont donné consistance, jusqu’à ce qu’il a lui-même inspiré. Ça doit être l’un des personnages de fiction les plus adaptés au monde, tous genres confondus. Ça me réjouit de voir qu’il y aura tout autant de références sympas à repérer dans l’histoire, mais je n’avais pas remarqué que les doublages français étaient ceux de la série de 2010 (je l’ai sans doute trop regardée en VO).

    Pour la petite enquête, je remarque un chien des Baskervilles à côté de ton logo, un 221B Baker Street dans l’ombre, un « Elémentaire mon cher Watson » à l’envers, célèbre phrase jamais dite dans les livres, et un code de chiffres avec une adresse, même si j’ignore d’où sort ce code exactement dans les romans !

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    1. Tout d’abord, merci de m’avoir prêté le jeu. Je te le rendrai dès que possible afin que tu le fasses (ou termines). Je suis une incorrigible amatrice de VF. 😀 Merci pour ton com !

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  2. Autant j’apprécie l’univers de Sherlock Holmes, autant je n’ai jamais vraiment pris la peine de m’intéresser à ses adaptations vidéoludiques. J’ai bien envie de découvrir ce jeu maintenant! Et tant mieux si tu l’as trouvé plutôt facile : je suis du genre à bloquer dans Professeur Layton, du coup j’ai peut-être une chance de m’en sortir ici 😉

    Je suis aussi prof de français, et je me dis que ça pourrait être sympa de montrer ce jeu à mes petites têtes blondes (de temps en temps, je bosse avec des JV en classe). Je propose déjà un parcours sur les énigmes criminelles, je suis sûr qu’il y a moyen de bricoler qqch de sympa. D’ailleurs, l’un de mes puzzles préférés vient de la nouvelle « Les hommes dansants » d’Arthur Conan Doyle, il s’agit d’une chouette énigme cryptographique (très retorse, je trouve!) avec des petits bonshommes qui portent parfois un drapeau.

    Pour compléter les propositions de Hauntya, j’aurais aussi simplement tenté la pipe comme référence supplémentaire, et Douglas Wilmer pour l’un des premiers acteurs (sauf erreur de ma part) à avoir interprété son rôle à l’écran.

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    1. Je te rassure, je suis dans ton cas. A priori, les jeux précédant cet opus sont relativement connus, et pourtant je n’avais jamais fait un Sherlock Holmes. Ahah, je dois également te confesser que les énigmes ne sont pas mon fort. J’ai d’ailleurs un peu galéré dans une des enquêtes (avec le temple Maya). Heureusement qu’on trouve des soluces un peu partout. Oh, je suis ravie de croiser un confrère. C’est toujours sympa d’utiliser un peu de jeux vidéo, au sein des séquences. En tout cas, merci pour ton commentaire !

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  3. Un article sur ce brave Sherlock Holmes, ça fait plaisir ! J’ai moi-même joué aux deux derniers opus (Crimes & Punishments et The Devil’s Daughter), que j’ai plutôt bien appréciés malgré les défauts évidents. Je rêve tellement d’une grosse production (pourquoi pas similaire à L.A. Noire) mettant en scène ce personnage. Il y aurait de quoi faire un jeu grandiose ! D’ailleurs, si jamais tu le souhaites, Crimes & Punishments est disponible gratuitement sur l’Epic Games Store jusqu’au 16 avril.

    Pour le petit jeu lié à l’image (bien vu !), j’ai repéré 3 références : « Élémentaire mon cher Watson », « 221B » et le nom « Douglas », qui renvoie sans doute à l’acteur Douglas Wilmer. Pour le reste il y a la suite de chiffres dont j’ignore la signification, mais qui n’est peut-être là que pour insérer le nom de Douglas.

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    1. Oh, alors que vaut Crimes & Punishments ? J’ai l’impression que les jeux précédents sont assez différents en terme d’ambiance ? Merci pour le tuyau. De toute manière, énormément d’univers mériteraient d’être explorés dans les jeux vidéos, plutôt que de se contenter de sempiternels suites ou remakes. Je fantasme toujours sur les images du jeu Harry Potter qui avaient fuité. Mais je crois que c’était du fake ?

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  4. Je n’ai pas encore eu la chance de jouer à The Devil’s Daughter, jeu qu’on a pourtant fait gagner sur JSUG. Par contre, je me souviens avoir fait Crimes and Punishments (une petite révolution à l’époque avec les choix moraux que les décisions de notre enquêteur engendraient sur le sort des suspects et surtout l’observation de personnages qui permet de déduire plusieurs choses à leur sujet ; ce que tu as l’air de souligner dans ton article). Sur PS3 j’avais fait The Testament of Sherlock Holmes, un jeu extrêmement difficile au niveau des énigmes !

    De ce que tu dis de The Devil’s Daughter, il a l’air peu innovant par rapport au précédent opus. Mais l’univers de Sherlock Holmes est fascinant, on est d’ailleurs en plein dans la période de Jack l’éventreur et il y a beaucoup de références à ce dernier dans les jeux Sherlock (l’opus précédent où il faut enquêter à Whitechapel où le Ripper sévissait notamment). Bref, il y a toute une mythologie autour de ce personnage qui le rend vraiment super captivant, l’enquêteur le plus charismatique selon moi….. après Batman XD

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    1. Je suis contente de voir que tu as fait certains jeux, car je ne sais rien des productions différentes. Le gameplay est donc assez proche. Mais qu’en est-il de l’ambiance ? Sur les quelques photos que j’ai croisées, j’ai l’impression que The Devil’s Daughter a un côté plus « moderne » ? Mais ça ce sent que la série de jeux a un univers bien à elle, ne serait-ce que lorsque tu consultes les archives de Sherlock ! Ahah, ça ne me m’étonne pas qu’il ne détrône pas Batman, pour toi, malgré tout. Faut pas déconner !

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      1. Alors les opus PS3 étaient assez brouillon et un peu faiblard techniquement ! Mais sinon le gameplay a guère changé, bien que Crimes & Punishments a introduit le système d’observation des personnages (je me souviens plus du nom exact). Sinon, les énigmes, les expériences chimiques etc. on retrouvait déjà tout ça dans les premiers opus. Il ne fait nul doute que The Devil’s Daughter soit plus moderne cela dit !

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  5. Merci pour la découverte de ce jeu ! Moi aussi j’ai visité LA fameuse boutique à Londres 🙂 et j’ai adoré les films de Guy Ritchie ainsi que la série avec ce cher Benedict ^^. Mon seul regret est de ne pas avoir lu les livres… En tout cas ton article m’a donné envie de tester The Devil’s Daughter.

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    1. Je n’avais jamais lu les livres non plus, du coup, j’ai craqué pour le premier roman avant d’écrire l’article. Au contraire des nouvelles, les romans sont assez peu et parfois gratuits. En tout cas, si tu aimes Sherlock Holmes, le jeu n’est pas un grand cru mais devrait te ravir.

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