LIS : True Colors et Tell me Why | Du baume à l’âme

La mer qui s’abat et s’effiloche sur les côtes d’Arcadia Bay, le rêve désespéré de rejoindre Puerto Lobos, afin de renouer avec ses racines. Il n’est pas rare que la saga Life is Strange laisse une marque indélébile sur les joueurs et joueuses. C’est en 2015 que nous faisions la connaissance de Max et Chloe. Cinq ans plus tard, Life is Strange : True Colors nous permet d’aller à la rencontre d’Alex Chen, dans une ville fictive perdue au cœur du Colorado : Haven Springs. Contrairement à ses prédécesseurs, True Colors n’a pas été développé par Dontnod mais par Deck Nine. Ceci étant dit, Dontnod nous avait invités au voyage, l’année précédente, avec Tell me Why, une aventure narrative se déroulant dans la ville tout aussi fictive de Delos Crossing, en Alaska. J’ai eu la chance de vivre ces deux périples dernièrement et une question m’assaille : qu’est ce qui les rend si terriblement charmants et poignants ? Life is Strange : True Colors et Tell me Why nous donnent l’opportunité d’interpréter des âmes errantes qui cherchent à reconstruire un foyer, dans l’espoir d’arrimer le navire au bon port, cette fois-ci. La brume épaisse, chargée de faux-semblants, de jeux et même de surnaturel, ne permet pas toujours de distinguer la vérité de ce qui ne l’est pas. Il est malgré tout nécessaire d’y avancer pour rendre les eaux plus sûres et – qui sait ? – guérir une plaie passée, intime, mais toujours aussi profonde.

[Bien que cet article puisse dévoiler le contexte et les thématiques des jeux, il ne comporte pas de spoiler compromettant (excepté dans le paragraphe indiqué).]

Foyer recomposé

Alex Chen (Life is Strange) est assise devant une table où elle est interrogée. Elle s’apprête à quitter le foyer pour adolescents qui fut le témoin de son enfance tumultueuse. Tyler Ronan (Tell me Why) répond aussi à des questions, derrière la table d’un commissariat, à des kilomètres de là, et des années auparavant. Tourmenté, il raconte l’impensable : sa mère a tenté de l’assassiner pour ce qu’il était. Et, en tentant de se défendre, c’est lui qui l’a tuée. Tyler grandira lui aussi dans un centre, loin de sa famille. Alex et Tyler sont des orphelins, mais il y a toujours une personne sur laquelle ils peuvent compter. Gabe attend avec impatience l’arrivée de sa petite sœur, Alex, à Haven Springs, après tant d’années de séparation. Alyson est tout aussi enthousiaste à l’idée de retrouver son frère jumeau, devenu adulte. Ils retourneront à Delos Crossing, mais pour un temps, car la douleur passée est toujours vive.

Alex est une jeune femme bienveillante mais prudente. Elle ignore si elle parviendra à s’intégrer à la communauté. Alyson a tenté de reconstruire sa vie après la tragédie, mais le passé la hante et son frère lui a terriblement manqué. Tyler lui, est parfois révolté par l’injustice et l’intolérance. Il a besoin de réponses pour trouver la paix et pour finir son cheminement. Tyler est un jeune homme transgenre. Il s’agit même du premier personnage principal transgenre, dans un jeu vidéo. Dontnod traite le sujet avec délicatesse, en évitant les écueils habituels. Tyler est doublé par un acteur trans, en VO (August Aiden Black) comme en VF (Sohan Pague). De plus, le jeu ne comporte aucune trace de son deadname, pas même dans les nombreux documents glanés ici et là. (Enfant, Tyler répondait au surnom d’Ollie). Si la transidentité de Tyler semble le point de départ de l’intrigue, et avoir son importance, surtout quand il doit instruire les personnages qui ne l’ont pas vu depuis longtemps ; elle s’efface assez rapidement derrière l’intrigue principale. De la même façon, le sujet disparaît progressivement des conversations, au fur et à mesure que les personnages le reconnaissent comme Tyler. Juste Tyler.

Lorsqu’Alyson et Tyler retrouvent la maison où ils ont grandi, et dans laquelle le drame est arrivé ; ils découvrent, dans l’ancienne chambre de leur mère, un livre destiné aux parents désireux de soutenir leur enfant transgenre. Le premier soulagement passé, les jumeaux sont assaillis de doutes. Dans ce cas, pourquoi le pourchassait-elle avec un fusil ? Au Colorado, Alex Chen fait face à un drame tout aussi tragique, mais beaucoup plus récent. Elle aussi devra surmonter les terribles étapes du deuil, tout en cherchant à résoudre de nombreux mystères.

Fable ou réalité ?

Les mystères dans lesquels nagent les trois protagonistes sont d’autant plus troublants qu’il est souvent difficile de distinguer la vérité de ce qui ne l’est pas. Alex possède le don de lire les émotions des personnes qui se trouvent autour d’elle. Une aura de couleur différente entoure les personnages concernés dépendamment du sentiment qui les anime. Si cette capacité peut être utile, elle est aussi très perturbante. Alex peut si bien absorber les peurs d’autrui que le monde lui-même semble se déformer, comme si les émotions prenaient vie. Les jumeaux possèdent, eux aussi, un don extraordinaire. Ils sont capables d’utiliser la voix, afin de communiquer ensemble par la pensée ou de redonner vie à des souvenirs, qui prennent la forme d’entités spectrales. Malheureusement, leur mémoire leur joue parfois des tours. Ces trois protagonistes sont dotés de pouvoirs redoutables mais plus subjectifs que factuels. Les émotions sont parfois nébuleuses et les souvenirs peuvent être trompeurs. Tous possèdent un pouvoir qui les rend uniques mais aussi plus sensibles face à un monde parfois impitoyable.

Heureusement, l’art et la fantasy leur permettent de s’évader. En plus d’être une musicienne accomplie, Alex est amenée à participer à un jeu de rôle grandeur nature. Presque tous les habitants du quartier décident de jouer le jeu, au point qu’Haven Springs se transforme, au cours du chapitre 3, en bourgade jaillie d’un monde de fantasy. Alyson et Tyler possèdent un univers bien à eux depuis qu’ils sont petits. Enfants, ils imaginaient être deux gobelins élevés et chéris par une princesse, mais aussi par leurs amis : le pélican, l’élan et l’ours. Malheureusement, un chasseur fou rôdait dans les bois et ils devaient veiller à lui échapper. Le jeu de rôle, comme les contes des gobelins, sont des univers imaginaires et rassurants, qui trouvent pourtant leurs sources dans la réalité. Cela signifie que certains rôles sont plus ou moins bien attribués et que, hélas, des êtres comme le chasseur fou existent. Bien que la fantasy soit salvatrice, elle rend parfois la vérité plus difficile à atteindre, surtout dans ces villes où personne ne veut encourir le risque de trop parler et de réveiller quelque fantôme du passé. Tous ces faux-semblants rendent les mystères plus difficiles à résoudre, et les intrigues d’autant plus palpitantes.

Nid douillet ou nid de guêpes ?

Life is Strange : True Colors s’émancipe de ses prédécesseurs. Il est pourtant possible de repérer des références, ici et là. Peut-être songerez-vous à Max lorsque vous croiserez le mur couvert de polaroids, dans le bar d’Haven Springs. Alex a aussi la possibilité de porter un pull à l’effigie de deux loups, en référence aux frères Diaz (Life is Strange 2). Enfin, Steph, l’un des personnages secondaires, faisait déjà une apparition dans Before the Storm. Par-dessus tout, à l’image d’Arcadia Bay, Haven Springs semble être un personnage à part entière. Il s’agit d’une ville aussi pittoresque qu’accueillante, si l’on se fie à la direction artistique chaleureuse ou à la bienveillance de la plupart des habitants du quartier. La ville minière est d’autant plus vivante qu’elle possède des zones ouvertes et peuplées de petites quêtes annexes. Delos Crossing, dans Tell me Why, est également une ville fictive où tout le monde semble se connaître. Recouverts d’un manteau de neige, les chemins mènent à des paysages somptueux mais parfois hantés par des souvenirs douloureux. C’est particulièrement le cas de la maison où les jumeaux Ronan ont grandi. Comme dans Gone Home (2013), nous sommes amené(e)s à explorer une demeure abandonnée afin d’en découvrir les secrets, qui ne refont surface que progressivement. A chaque fois que les jumeaux pensent avoir fait le tour de la maison, un nouveau mystère ou une nouvelle zone apparaissent.

Néanmoins, ce sont les habitants qui constituent le cœur d’un endroit. A Haven Springs, comme à Delos Crossing, nos trois héros vont comprendre que les sourires amicaux dissimulent parfois des blessures, des secrets voire de graves mensonges. Suite au drame survenu dans le chapitre premier, Alex enquête afin de trouver un responsable. Au fur et à mesure qu’elle obtient des réponses, elle fait face à de nouveaux doutes laissant présager qu’elle affronte des adversaires plus nombreux, ou plus grands que prévu. Un secret en entraînant un autre, Alex réveille de vieux fantômes. Mais après tout, dénouer les nœuds du passé n’est-il pas la meilleure façon d’avancer ? Les jumeaux sont confrontés au même problème, à Delos Crossing. Dès qu’ils parviennent à percer un mystère, de nouveaux éléments ébranlent leurs convictions. Au reste, dans les deux jeux, l’enquête initiale – destinée à résoudre une souffrance personnelle – débusque des problèmes plus universels, incitant les protagonistes à se dresser contre des individus ou des institutions qui, a priori, les dépassent. A Haven Springs comme à Delos Crossing, il est déconseillé de se fier aux apparences.

[spoiler] Il est difficile de parler d’antagoniste dans True Colors et Tell me Why. Toutefois, chaque jeu possède un personnage nettement plus criminel que les autres. Jed (Life is Strange), le propriétaire du bar, et Tom (Tell me Why), le gérant du magasin, ont de nombreux points communs. Les deux hommes ont une certaine influence dans la ville, en raison de leur profession mais aussi de leur réputation. Le premier est considéré comme un héros suite au rôle qu’il a joué lors du drame survenu dans les mines de Typhon, tandis que le second est candidat aux élections. Fait plus retors encore, ils semblent à la fois protecteurs et bienveillants. Tom semble effacé mais sympathique, quand Jed devient le père de substitution de Gabe et Alex, au point de la laisser loger au-dessus du bar. Malheureusement, le grand méchant loup – ou devrait-on dire le chasseur fou ? – est un fin manipulateur. Nous avions pourtant été prévenu(e)s, surtout lorsque Jed a incarné le boss final, lors du jeu de rôle grandeur nature ! Tous deux sont des hommes hypocrites qui n’ont pas hésité à sacrifier des vies pour sauver la leur et surtout, leur réputation. Jed est plus féroce, sans doute, dans la mesure où il essaie d’éliminer Alex. Tom n’est pas en reste car il est le père biologique des jumeaux, qu’il a pourtant abandonnés sans remords. Dans les deux cas, la figure paternelle est mise à mal. Sans doute s’agit-il d’un pied de nez particulièrement efficace à l’encontre des microcosmes patriarcaux. [fin du spoiler]

Épilogue

Life is Strange : True Colors et Tell me Why sont des expériences narratives incroyables qui peuvent mettre du temps à installer le cadre et les personnages, mais qui les utilisent avec subtilité et astuce. Alex, Tyler et Alyson sont de jeunes gens en marge de la société et meurtris par le passé. Malgré ces traumatismes, ils n’ont pas renoncé à leurs tentatives d’aimer de nouveau, ou de reconstruire un foyer. Épaulés par des capacités extraordinaires, ils se réfugient quelquefois dans un monde onirique pour échapper à la dure réalité. Celle-ci finit malgré tout par les rattraper. Haven Springs et Delos Crossing sont des villes fictives, mais marquantes. Elles pourraient incarner le foyer que nos héros ont toujours cherché. Mais peut-on se fier aux sourires apparemment sincères ? Est-il possible de guérir une douleur, à l’endroit même où l’on a été blessé(e) ? Comme il s’agit de jeux narratifs, dotés de fins alternatives, ni True Colors, ni Tell me Why n’ont la prétention d’offrir des réponses définitives. Les joueurs et joueuses ont le pouvoir de condamner ou de pardonner. Alyson et Tyler sont bien placés pour comprendre que la vérité dépend quelquefois du point de vue. Alex a l’opportunité de s’installer à Haven Springs, ou de la fuir. Si ces deux histoires nous enseignent à ne pas fuir le passé, car il permet de démêler le présent et l’avenir ; elle nous rappellent par-dessus tout que les plaies, aussi profondes soient-elles, peuvent être soulagées.

Dossier #1 : La Casa de Papel

C’est en mai 2017 que La Casa de Papel commence à être diffusée sur la chaîne espagnole Antena 3. La série, qui aurait pu s’appeler « Les expulsés » n’obtient pas le succès escompté. C’est en arrivant dans le répertoire de Netflix, avec un découpage différent, qu’elle rencontre son public, au point de devenir la production Netflix la plus regardée de l’histoire dans de nombreux pays.

Dans cet article très particulier, j’aimerais décrypter une série qui est devenue très importante pour moi. Il va de soi que le dossier comporte des spoilers, y compris sur la quatrième partie, sortie le 3 avril dernier.

La Casa de Papel met en scène une bande de voleurs qui décide de s’infiltrer dans la Fabrique Nationale de la Monnaie et du Timbre. Quand j’ai découvert cette série, elle m’a immédiatement fait penser à du Tarantino. Si dans Reservoir Dogs (1992), les voleurs portent des noms de couleurs, les braqueurs espagnols portent des noms de villes. (Ils ont d’ailleurs failli porter des noms de planètes). On pourrait considérer que les références à l’univers de Quentin Tarantino ne s’arrêtent pas là. La série mise beaucoup sur son ambiance de huis-clos, ainsi que sur le caractère excentrique de ses personnages et de ses dialogues. D’ailleurs, Nairobi rappelle qu’ils ne se trouvent pas dans un « film de Tarantino » quand ils commencent à dégainer leur arme les uns contre les autres, dans les toilettes. Les scénaristes de La Casa de Papel ont l’art d’écrire des échanges aussi triviaux que révélateurs du tempérament des personnages. (Tu te souviens quand Moscou et Berlin se disputent à propos de particules de caca ?). Je pourrais pousser le vice jusqu’à imaginer que la mallette noire de Palerme, dans la partie 4, est un clin d’œil à la mystérieuse mallette de Pulp Fiction (1994). On ne sait toujours pas ce qui se trouve dans celle-ci, ce qui a entraîné de nombreuses théories au fil des années. Quand Palerme tente de s’enfuir, il prétend embarquer des documents confidentiels, avant qu’on ne se rende compte qu’elle était farcie de… madeleines.

« On est pas dans un film de Tarantino ! »

Tu l’auras compris, La Casa de Papel est un thriller mais il serait malvenu de croire que la série se prend au sérieux. Elle a toujours possédé un je ne sais quoi de fantaisiste et outrancier, au risque de basculer dans la surenchère de partie en partie. Alors que le Professeur présentait le premier plan comme presque impossible, le deuxième est réputé infaisable, tandis que le Plan Paris est ni plus ni moins qualifié de « pure folie ». Si, la plupart du temps, l’exécution est bien menée, force est de constater que la série est de plus en plus décriée pour ses invraisemblances. La Casa de Papel est de ces récits qui font appel à la suspension consentie de l’incrédulité. Notons qu’il serait malhonnête de dire que les créateurs ne font aucun effort en terme de réalisme. Par exemple, la Banque d’Espagne comporte vraiment un coffre sous-terrain et inondable, en cas d’intrusion. Les scénaristes de la série ont d’ailleurs fait appel à des ingénieurs pour imaginer un moyen d’intrusion qui pourrait fonctionner. Tu as sans doute compris que je suis très bienveillante vis-à-vis de la série. Malgré tout, je comprends qu’on puisse ne pas tolérer ses incohérences. C’est pourquoi je peux te conseiller les avis et analyses de Captain Popcorn, qui est plus objectif sur le sujet.

Quand on parle d’excessivité, on peut aussi penser aux réactions de certains personnages. Cela pourrait toutefois être expliqué par cette ambiance très particulière de huis-clos. Braqueurs et otages sont confinés au même endroit, pendant des jours. Ils ne mangent pas à leur faim et dorment à peine. Au cours des deux premières parties, Tokyo rappelle à plusieurs reprises combien le manque de sommeil peut provoquer un « cour-circuit cérébral », sans compter que la bande de braqueurs, en plus d’être composée de caractères atypiques, fait fasse à une pression énorme.

La première bande au complet.

La Casa de Papel est un cocktail composé d’éléments assez détonants, mais le public a surtout été charmé, à mon sens, par les personnages. Le documentaire La Casa de Papel : Le Phénomène souligne que la série est devenue plus qu’un divertissement, car les gens ont tissé avec elle un « lien philosophique ». Ils ont appris à connaître les personnages, à s’identifier à l’un ou à l’autre et, par dessus-tout, à les aimer.

C’est pourquoi la structure de mon analyse se fera sous le prisme des personnages. Je parlerai, dans un premier temps, du masque de Dali, de Tokyo et Rio, afin de m’attarder sur l’ADN de la série, qu’il s’agisse de l’iconographie, de sa narration ou des ingrédients les plus essentiels. Nous rendrons ensuite visite au Professeur et à Marseille, mais aussi à Lisbonne et à cette chère Alicia Sierra, pour évoquer le jeu du chat et de la souris. Notre prochaine destination sera Berlin, puis Palerme, sans oublier Helsinki et Oslo, afin de décrypter l’ambiguïté des caractères et relations de ces personnages. Nous irons ensuite saluer Manille, Nairobi et Bogota, pour effleurer la question de la représentation d’une minorité ou du féminisme, dans la série. La dernière étape du voyage se situera à Moscou, Denver puis Stockholm. Malgré les apparences, La Casa de Papel est avant tout une histoire familiale, et ce même si on se passerait bien d’inviter Arturito au repas de Noël. Je tâcherai, pour conclure, de revenir sur la place de la musique, dans la série, sans oublier d’évoquer les sources qui m’ont aidée à étoffer cette analyse. Vamos !

Introduction

Partie 1

Partie 2

Partie 3

Partie 4

Partie 5

Bilan

Rencontre avec Pedro Alonso

Si tu es arrivé(e) ici, c’est parce que tu as envie d’en savoir plus sur Pedro Alonso, un comédien espagnol ayant acquis une coquette notoriété depuis qu’il incarne Berlin, dans La Casa de Papel, depuis 2017. De coutume, nous ne parlons guère séries sur ce blog consacré aux jeux vidéo… Mais après tout, La Casa de Papel a été au cœur d’une mission spéciale sur Tom Clancy’s Rainbow Six Siege, en novembre dernier ! Comment ça, mon prétexte est complètement pété ? De toute façon, c’est mon blog, c’est moi qui décide !

J’ai eu l’honneur de rencontrer Pedro Alonso, et de discuter avec lui. Et cela n’aurait tout bonnement pas été possible sans l’organisme Ultim Events que je remercie chaleureusement.

Le samedi 14 décembre est un jour à marquer d’une pierre blanche, même si c’était loin d’être gagné entre le taff et la grève des transports qui atteignait son paroxysme. J’ai malgré tout pu assister à la convention The Elitist’s Circle à l’Espace Charenton, Paris. C’était l’occasion pour les fans de la série Elite de rencontrer trois comédiens du casting : Mina El Hammami (Nadia), Alvaro Rico (Polo) et Claudia Salas (Rebeca). Même si j’ai pu croiser les deux derniers, je dois reconnaître que je ne me suis véritablement intéressée qu’au Guest Star : Pedro Alonso.

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Comment ça s’est passé ?

J’ai participé au meeting, et alors que je m’attendais à une conférence traditionnelle, je me suis retrouvée dans une salle aussi petite qu’intime. Nous étions très peu nombreux, alors je vous laisse imaginer la nervosité qui habitait certains membres du petit groupe avec qui j’ai partagé cet instant privilégié. En effet, le comédien de 48 ans est un homme qui en impose, non pas par sa froideur, mais par son charisme et sa prestance. Au reste, on se rend très vite compte combien il est humble, empli de gratitude et surtout soucieux de mettre tout le monde à l’aise. Tu sais, quand Tokyo compare Berlin à un requin dans une piscine, parce que l’on peut nager avec sans jamais être tranquille ? Eh bien, ce fut tout le contraire. Samedi matin, j’ai eu l’impression de participer à une longue conversation entre potes, même si l’un d’eux était un acteur pour qui j’ai le plus grand respect.

On aurait pu redouter la barrière de la langue, à tort. Certes, je ne connais pas un mot d’espagnol, mais Pedro Alonso comprenait un peu de français et parlait couramment anglais, sans oublier le travail des deux traductrices que je remercie tout autant. Et quand je parle de conversation entre potes, je n’exagère même pas. On s’est enlacés plusieurs fois, on s’est échangés nos prénoms, bref, on a fait connaissance, tant avec le comédien lui-même, qu’avec certains membres du groupe, avec lesquels j’ai finalement passé la journée entière. Je salue donc Pauline et Angélique si elles passent par là ! C’est drôle, mais il y a quelques temps, j’aurais sans doute été très tendue en de telles circonstances. Cette fois-ci, pas du tout. Il faut croire que la pratique de mon métier, mais aussi tous les défis que j’essaie de relever sur ce blog, ou sur le podcast Pod’Culture portent leurs fruits, et en cela, je remercie aussi les copains et les gens qui me soutiennent.

Me voici en compagnie de Pedro Alonso

Quelques anecdotes sur Berlin et La Casa de Papel

Aussi ai-je osé poser la première question. « De quels personnages réels ou fictifs vous-êtes vous inspiré pour incarner Berlin ? Ou du moins, à qui vous fait-il penser ? » Et voilà que l’acteur quitte le siège qui lui était attribué pour s’asseoir à côté de moi, et ne plus changer de place ! Alors, il nous explique qu’il a établi une connexion profonde avec son personnage, et que celle-ci est née à Mexico. (C’est… au Mexique). Il nous a expliqué que la spiritualité est quelque chose d’important pour lui et que cela a donc influencé sa façon d’incarner Berlin. Il voit vraiment le braqueur comme un chaman, de par sa manière d’influencer les autres ou même d’esquisser certaines danses. D’ailleurs, pour l’anecdote, Mexico est considérée comme la Berlin de l’Amérique latine ! Certes, il n’a pas choisi le pseudonyme de Berlin, mais il ne le regrette donc pas, d’autant plus qu’il a de l’affection pour la capitale de l’Allemagne.

Il lui a aussi été demandé comme il avait réagi en apprenant… Spoiler… que Berlin allait disparaître. Il a expliqué que Berlin était un personnage paradoxal, dans la mesure où on pouvait le qualifier de quelqu’un d’intolérable, qui se plaît à détruire les autres. Et pourtant, Berlin finit par commettre l’impensable, en se sacrifiant pour sauver ses complices. De toute façon, peu d’acteurs se réjouissent de la mort de leur personnage, surtout lorsqu’une suite est annoncée. Toutefois, Berlin était assez apprécié pour que les scénaristes trouvent un moyen de l’intégrer dans la partie 3, par le biais de flash-back.

La chanson Bella Ciao a évidemment été mentionnée. Figure-toi que Pedro Alonso se considère comme un très mauvais chanteur. C’est pourquoi il n’a pas essayé de vraiment chanter, durant la scène cruciale que tu retrouves ci-dessus. Il a tâché de l’interpréter à sa manière, au point d’émouvoir terriblement l’un des techniciens qui descendait d’un partisan italien. Chanter Bella Ciao a donc été pour lui un grand honneur.

Alors, il lui a été demandé quelles étaient les scènes les plus difficile puis drôle à tourner, dans la série. Pedro Alonso a mentionné le discours on ne peut plus misogyne que tient Berlin, auprès de Rio. Il a admis qu’il avait du mal à croire que ces lignes de dialogue seraient vraiment diffusées, mais il a malgré tout essayé de s’accaparer l’état d’esprit du personnage à ce moment-là. Il s’est également souvenu d’un moment du tournage où il avait décidé d’apprendre des pas de danse aux acteurs interprétant les otages, juste avant une scène très sérieuse. C’était très drôle car il passait pour imprévisible et capable de changer de registre rapidement. Ah, et il m’a aussi demandé où j’ai trouvé mon tee-shirt « Berlin », mais je ne vais peut-être pas faire de placement de produit ici !

Je ne vais pas retranscrire toute la conversation, loin de là. De nombreux sujets ont été évoqués, au sujet de La Casa de Papel, mais pas que. Tu ne le savais peut-être pas, mais Pedro Alonso aime peindre, comme tu peux le constater sur son instagram, ou écrire. D’ailleurs, il a passé un séjour au fin fond de la jungle afin de terminer son livre.

Au final

Tu l’auras compris, cette rencontre était incroyable. J’ai vraiment le sentiment d’avoir passé un moment privilégié et enrichissant, auprès d’un acteur et surtout d’un homme avenant, plein de gratitude et surtout très intéressant à écouter. Il est doté d’une prestance et d’une éloquence qu’on peine à décrire, tout en parvenant à mettre les autres à l’aise. Il était si soucieux de bien faire et d’accueillir correctement chaque fan ayant demandé un autographe, qu’il a largement dépassé le temps qui était destiné à cela ! Pour ma part, je me suis « contentée » de la photo, qui est le souvenir pour moi d’une journée incroyable, grâce à cet homme, certes, mais aussi à Ultim Events. Et si Berlin te manque, sache qu’il est de retour dans la partie 4 de La Casa de Papel, disponible sur Netflix, à partir du 3 avril 2020.

A la fin de la journée, le comédien est venu dire « au revoir » de manière touchante.