C’est en 2014 que sortit la saison 2 de The Walking Dead et que je découvris un diptyque destiné à devenir l’une de mes sagas vidéoludiques favorites. Je dois énormément à la série de Telltale, qui m’a permis de remettre un pied dans le monde des jeux vidéo, après plusieurs années à m’en être désintéressée. Malgré quelques faux pas en 2016, The Walking Dead est une saga que je prends plaisir à retrouver au fil des années. Il était bien naturel que je finisse par céder pour L’édition définitive, regroupant l’ensemble des jeux, transfigurés par un style graphique retravaillé et une amélioration du gameplay ; mais aussi de nombreux compléments comme les commentaires des développeurs, un lecteur de musique ou une galerie d’art. Je regrette que certains bugs (notamment au niveau des sous-titres) n’aient pas été rectifiés, mais l’édition n’en vaut pas moins le détour.
Dans cet article, nous allons revenir sur les deux premières saisons du voyage de Clémentine. (Il va de soi qu’une deuxième partie est en préparation). Est-il bien utile de préciser que l’analyse suivante contient des spoilers et repose sur les choix que j’ai entrepris ? (Certes, j’ai joué aux deux premières saisons à plusieurs reprises, mais il y a certains choix que je n’ai jamais pu me résoudre à modifier !) La série de Telltale est inspirée des comics The Walking Dead, dont elle tend à s’éloigner au fil des saisons. Les personnages inédits (doublés de manière exceptionnelle) permettent d’aborder des thématiques aussi fortes que variées. Mais que serait cette série sans Lee, un protagoniste motivé par sa quête de rédemption et – par dessus-tout – par l’affection vouée à une petite fille, rencontrée par hasard ? Cette fillette, c’est Clémentine, l’une des héroïnes les plus remarquables des jeux vidéo. Livrée à elle-même dans un monde où les relations humaines sont devenues la seule source de réconfort, mais aussi le pire des dangers, bien au-delà des rôdeurs ; Clémentine est obligée de grandir prématurément, pour survivre. Mais il ne faudrait pas oublier celui qui incarne, à mon sens, le troisième personnage principal : Kenny, un homme versatile et ambigu, qui divise les joueurs et dont le destin ne dépend pourtant que d’eux.
Une déclinaison des comics
La première saison de Telltale fit le choix ingénieux de se démarquer des comics The Walking Dead. Nous ne faisions pas la rencontre de Rick, un agent de police prêt à tout pour retrouver sa famille, mais celle de Lee, un ancien professeur conduit en prison, après avoir tué l’amant de sa femme. Cela n’empêcha pas la saison 1 de multiplier les références, en intégrant quelques protagonistes des comics, comme Hershel ou Glenn. Certains personnages avaient l’habitude de donner un nom à leur arme favorite : Danny St. John appelait sa carabine Charlotte tandis que Molly surnommait son crochet Hilda. Un hommage à Lucille, sans doute. Les références eurent tendance à s’effacer, et ce dès la deuxième saison. Tout juste pouvait-on y émettre un parallèle entre le parcours de Kenny et celui du Gouverneur.
C’est au niveau des thématiques abordées et de la manière dont elles sont traitées, que la série Telltale reste fidèle aux comics. Le monde post-apocalyptique, infesté de rôdeurs, n’est qu’un prétexte pour explorer l’âme humaine, par le prisme de personnages dont la diversité est aussi remarquée qu’appréciée. Dans le monde d’après, peu de survivants parviennent à garder la tête froide. Guettés par la folie, l’auto-destruction ou le désir de nuire, les humains deviennent très tôt leurs propres ennemis. Lee découvre ainsi la déchéance d’un monde qu’il ne reconnaît plus, où de simples fermiers n’hésitent pas à s’exercer au cannibalisme, où les rares survivants se déchirent au cours de leur lutte du pouvoir, et où les amis d’hier ne sont pas à l’abri de vous trahir, ni de vous tuer. Lee fait même la découverte d’une communauté, à Crawford, prônant la loi du plus fort, quitte à sacrifier les enfants ou toutes les personnes vulnérables, qu’elles soient enceintes ou atteintes du cancer. Poussée dans ses retranchements, l’humanité n’hésite pas à reproduire les erreurs des périodes les plus sombres de l’Histoire. Lee finit par comprendre qu’il ne peut pas indéfiniment préserver Clémentine de l’horreur de cette nouvelle réalité. Si elle souhaite survivre, la petite fille devra être formée. On trouve la continuité de ces nombreuses thématiques, dans la saison 2. Clémentine fait face à une communauté, dirigée par Bill Carver, un adepte de la manipulation, de l’humiliation et des travaux forcés. Trahie par les uns, déçue par les autres, la jeune fille fait aussi de belles rencontres, lui rappelant que ni la rédemption, ni les affections humaines ne sont perdues dans ce monde. En dépit d’un rythme plus nerveux, cette saison 2 offre une dimension psychologique encore plus travaillée que la précédente. Les survivants s’interrogent sur la différence entre vivre et survivre, ou se demandent s’il est vraiment juste de forcer une personne à se battre, quand elle n’en éprouve plus la force, ni le désir. L’enjeu principal du jeu demeure la naissance d’un certain Alvin Junior, dont Clémentine est destinée à devenir la grande sœur de substitution, terminant ainsi un cheminement entrepris par Lee, quelques années plus tôt.

La rédemption de Lee
En dépit de son passé criminel, Lee est un homme bienveillant et motivé par la rédemption. Il n’est pas rare que le jeu propose d’épargner un ennemi, ou d’accorder une seconde chance à un acolyte dans l’erreur. Mais ce qui caractérise le plus Lee, c’est sans doute le désir impérieux de fonder une famille, dans une société où il a tout perdu, et ce avant même le début de la pandémie. Dans le dernier épisode, Lee explique qu’il se disputait avec son épouse, en partie parce qu’il désirait un enfant, et elle non. Lorsqu’il la surprit en plein adultère, Lee perdit la raison et tua accidentellement l’amant de sa femme. En froid avec ses parents, c’est le cœur serré que Lee retrouve la pharmacie qu’ils dirigeaient, à Macon. Là-bas, il comprend qu’aucun de ses proches n’a survécu. The Walking Dead narre l’histoire de survivants dont la famille a été disloquée. Ces spectres du passé ne survivent qu’à travers des lieux abandonnés, (comme la pharmacie ou la maison de Clémentine), et des photos. Lee se contente de retrouver son frère, qu’il est obligé d’éliminer, car il s’est transformé. Il aurait probablement souhaité épargner cette expérience à Clémentine, laquelle finit par retrouver ses parents, dans le même état, à Savannah.
Dans ce monde infesté de rôdeurs, il existe une différence drastique entre vivre et survivre. Lee le comprend parfaitement, au fur et à mesure qu’il se prend d’affection pour Clémentine, qui deviendra sa principale raison d’avancer. C’est dans le contexte le plus inespéré possible que Lee finit par réaliser l’un de ses rêves : élever un enfant. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Clémentine sauve davantage Lee, que l’inverse.



Toute la nuance et l’intensité de leur relation est annoncée dès la première rencontre. Après avoir aperçu Clémentine dans les bois, de la même manière qu’un Jean Valjean aurait croisé une Cosette apeurée et portant un seau trop lourd ; Lee pénètre dans une maison abandonnée et tombe sur un Talkie-walkie. Cet objet est faussement anodin car il aura un rôle décisif dans la suite de leurs mésaventures. Clémentine, cachée dans sa cabane en haut d’un arbre, constate avec déception : « Tu n’es pas mon papa. » « Non, je ne le suis pas », réplique Lee. Aucun des deux ne sait combien ils se trompent. Clémentine avertit Lee qu’un rôdeur se trouve derrière lui et contribue à lui sauver la vie, scellant ainsi leurs destins, l’un à l’autre. A partir de cet instant, Lee se jure de protéger la fillette.
Le naturel doux et protecteur de Lee se manifeste par des scènes du quotidien, qui gagnent en intensité dans un monde où l’on croirait les câlins et les jeux de balançoire proscris. La perte de Duck (le fils de Kenny) sert toutefois d’électrochoc à Lee qui, sous les bons conseils de Chuck, décide de former Clémentine. C’est ainsi qu’il lui coupe les cheveux et lui apprend à se servir d’un revolver. L’éducation de Clémentine est au cœur du jeu, car elle a encore besoin de Lee, pour survivre. Mais celui-ci a besoin d’elle pour vivre, si bien que l’idée de la perdre devient une peur obsessionnelle. Lee cherche la petite fille, partout, quand il a le malheur de la perdre des yeux. C’est d’ailleurs cela qui l’incite à commettre une imprudence fatale : Lee se laisse surprendre par un rôdeur, ce qui lui coûtera un bras, puis la vie.


Conscient qu’il est condamné, Lee n’a plus rien à perdre et est prêt à tout pour retrouver Clémentine, lorsque celle-ci est kidnappée par L’étranger. On ne saura jamais l’identité de cet homme mystérieux, qui a tout perdu après que le groupe de Lee ait décidé de dérober les provisions contenues dans le coffre de sa voiture. Les joueurs sont confrontés à un choix antérieur et faussement anodin. Pareil à un Edmond Dantès vengeur, L’étranger a prémédité sa revanche, avec le Talkie-walkie qui lui a permis de discuter avec Clémentine, et de gagner sa confiance. Pourquoi la petite fille se serait-elle méfiée ? Le Talkie-walkie est un objet positif qui lui a permis de rencontrer Lee, et qui lui donne l’espoir de retrouver ses parents. L’étranger apparaît au cours d’une séquence brève mais intense. Il juge les actes de Lee et la manière dont il a élevé Clémentine, qu’il souhaiterait adopter. En vérité, L’étranger juge nos actes et nos choix. Il ne parvient toutefois pas à ses fins, dans la mesure où Clémentine l’élimine, avant de s’enfuir avec Lee.
Contaminé et incapable d’aller plus loin, le héros déchu se laisse choir sur le sol, et suggère à Clémentine ce qu’elle doit faire, pour s’en sortir. A ce stade, le gameplay devient brillant. Nous ne contrôlons plus les gestes de Lee, qui est paralysé. Nous ne pouvons qu’ordonner à Clémentine ce qu’elle doit faire, ce qui annonce un passage de flambeau poignant. Malheureusement, le dénouement, vous le connaissez bien. Lee implore Clémentine de ne pas le laisser se transformer. La petite fille est contrainte de tirer une balle dans la tête de celui qu’elle considérait comme son père, avant de s’en aller. Ainsi se termine l’enfance de Clémentine.



L’évolution de Clémentine
Dans la première saison, nous étions responsables de Clémentine, qui avait besoin d’être protégée et éduquée. La jeune fille devient le personnage jouable de la saison 2. Nous sommes désormais responsables de ses actes. Bien qu’elle n’ait que 11 ans, Clémentine n’est plus la fillette douce et craintive que nous connaissions. Ce monde l’a faite grandir, de manière précoce, même si elle a encore beaucoup à apprendre. Ce n’est pas étonnant si la séquence du chien errant, dans le premier épisode de la saison 2, est si poignante. Nous sommes convaincus que Clémentine s’est fait un nouvel ami, à quatre pattes, avec qui elle pourra jouer et qui saura la protéger, si besoin. Malheureusement, lorsque la jeune fille trouve de la nourriture, le chien affamé devient agressif et la mord au bras. Clémentine le repousse et le blesse, avant de se résoudre à l’achever (ou l’abandonner). Ici, comme souvent, la mort de l’animal de compagnie se traduit par l’abandon du compagnon fidèle, ou du « doudou ». Clémentine, qui avait déjà mis un pied hors de l’enfance, est amenée à gagner en maturité, pour survivre.
Ce passage à l’âge adulte est aussi illustré par la présence de Sarah. Bien qu’elle soit légèrement plus âgée que Clémentine, l’adolescente est terriblement naïve et vulnérable, en partie à cause d’un père trop protecteur. Il ne tiendra qu’aux joueurs de décider si Clémentine sera amie avec Sarah ou non, et si elle lui montrera la voie pour grandir, ou pas. Les jeux de miroir nous en apprennent beaucoup sur les personnages et sur les thématiques de la saison.


Outre le passage à l’âge adulte, cette suite aborde plus que jamais le thème de la famille. Dès l’introduction, Christa est enceinte quand elle perd son compagnon, Amid. Nous ignorons ce qui est arrivé au bébé de cette dernière, lorsqu’elle est elle-même arrachée à Clémentine. L’adolescente ne tarde pas à faire la rencontre de Rebecca, la mère de l’enfant sur lequel nous veillerons dans la saison 4 : Alvin Jr. Il est difficile de savoir qui est le père d’Alvin junior. Est-ce Alvin, l’époux de Rebecca, ou bien Bill Carver, le sociopathe qui se targue d’avoir couché avec elle ? On pourrait même mentionner Kenny, qui décide d’élever l’enfant, après la mort de Rebecca, et qui choisit par ailleurs son prénom. Dans tous les cas, Clémentine deviendra une mère de substitution pour Alvin Jr, ou plus vraisemblablement une grande sœur. « Être une grande sœur, c’est étrange » la prévient pourtant Jane, qui, après avoir perdu sa propre sœur, se prend d’affection pour Clémentine. Terrorisée à l’idée de perdre ses proches, Jane est tiraillée entre son désir d’avancer, en solitaire, et celui de rester auprès de Clémentine, à qui elle transmet des enseignements précieux. Tous ces personnages serviront d’exemples et de contre-exemples à Clémentine, quand elle sera amenée à élever Alvin Jr.
Mais il serait faux de dire que l’adolescente a toujours le statut d’élève. Désormais, c’est elle qui influence les personnages, mêmes adultes, et qui les guide vers une voie ou une autre. C’est particulièrement le cas avec Jane et Kenny. Celui-ci a beau appeler Clémentine « Duck », par mégarde, et la prendre sous son aile ; il est totalement dépendant de l’influence et des décisions de Clémentine. Ainsi, celui qui aurait pu reprendre le rôle de la figure paternelle, après Lee, se retrouve finalement dans un rapport de force inversé. C’est là qu’on constate combien Clémentine a évolué.




La déchéance de Kenny
Kenny est un personnage que l’on rencontre dès la première saison. Il n’en est pas moins versatile et difficile à cerner. Lorsque Lee fait sa connaissance, Kenny apparaît comme un mari et un père de famille, certes un peu rustre, mais protecteur et bienveillant. Les joueurs comprennent très vite que Kenny est un personnage susceptible et rancunier dont il est difficile de devenir l’allié. Capable du pire comme du meilleur, il franchit un point de non-retour en choisissant de tuer Larry, le père de Lilly (sa rivale), lorsqu’il est victime d’une crise cardiaque. Kenny est un personnage excessif, car il peine à gérer ses émotions. La culpabilité est, chez lui, rapidement transformée en colère ou en agressivité. En creusant un peu, Lee s’aperçoit que Kenny est prêt à tout pour se montrer utile et pour protéger ceux qu’il aime. Malheureusement, son fils Duck se fait mordre. Ne supportant pas de le voir dépérir, sa mère, Katjaa, décide brutalement de se suicider. Kenny assiste à l’effondrement de sa famille, impuissant, avant de laisser à Lee l’opportunité d’achever Duck. C’est un homme brisé.
Et ce n’est pas la découverte d’un enfant transformé en rôdeur, dans un grenier à Savannah, qui arrange son cas. Il s’agit d’une réminiscence douloureuse de ce qui est arrivé à Duck ; mais aussi d’une opportunité d’entreprendre le processus du deuil. Peu de temps après, Kenny apprend que c’est en partie à cause de Ben, que Duck a été mordu. Lee peut choisir de protéger Ben. Sans surprise, Kenny lui en voudra. Du moins, dans un premier temps. Kenny est en effet prêt à se sacrifier pour essayer de sauver Ben, si celui-ci tombe du toit. Un personnage plein de contradictions.



Alors qu’on croyait Kenny mort, celui-ci réapparaît dans la saison 2, au rythme des notes bien connues du thème de Clémentine et Lee. Amoureux de Sarita, Kenny semble un homme neuf et apaisé. Mais il sera de nouveau confronté à ses vieux démons. Lorsque le groupe est fait prisonnier par la communauté de Carver, Kenny se fait quasiment battre à mort par Bill. Il perd un œil. Alors que le groupe profite de l’arrivée d’une horde, pour s’enfuir, Kenny prend soigneusement le temps d’assassiner Carver. Clémentine est libre d’assister au carnage, ou non. Il s’agit d’un deuxième point de non-retour pour Kenny, qui, peu de temps après, perd Sarita.
La saison 2 pourrait alors être résumée par une citation de Nietzche : « Celui qui lutte contre les monstres doit veiller à ne pas en devenir un lui-même. Et quand ton regard pénètre longtemps au fond de l’abîme, l’abîme, lui aussi, pénètre en toi. »


Au fil des épisodes, Kenny devient de plus en plus imprévisible, incontrôlable et tyrannique, si bien que les autres survivants ont peur de lui, redoutant qu’il devienne un nouveau Carver. Le jeu est alors rusé car tout nous invite à nous retourner contre Kenny. Celui-ci devient, d’une certaine façon, le véritable antagoniste de cette saison 2. De nombreux personnages mettent Clémentine en garde contre lui, à commencer par Jane qui le provoque de façon irrémédiable, en lui faisant croire qu’Alvin Jr a été tué. Les deux mentors de Clémentine commencent un duel à mort, où Kenny prend le dessus. Les joueurs sont alors invités à l’abattre. Et pourtant… Pourtant… Il y a la possibilité de l’épargner, au détriment de Jane.
Il n’est évident ni pour Clémentine, ni pour les joueurs, de demeurer la boussole morale de Kenny, jusqu’au bout. J’ignore si cela est juste, mais c’est ce que j’ai choisi de faire. Or, il est réconfortant de voir que, lorsqu’il se retrouve seul avec Clémentine et Alvin Jr, Kenny retrouve la raison, jurant qu’il ne leur fera jamais de mal. Cette rédemption est encore plus satisfaisante que celle de Lee, car elle est bien plus compliquée à obtenir. Quand ils arrivent au refuge de Wellington, Kenny et Clémentine apprennent que les survivants n’acceptent plus de nouveaux venus. Pourvu qu’ils consentent à accueillir l’adolescente et le bébé, Kenny est prêt à se sacrifier et à partir. Il n’est peut-être pas parvenu à sauver Duck, mais il sauvera Clémentine et Alvin Jr. Une fois encore, il ne tient qu’aux joueurs de rester à Wellington, ou de demeurer auprès de Kenny, coûte que coûte. Les différents dénouements de la saison 2 sont intenses et révélateurs de notre manière de raisonner ou de jouer. C’est d’autant plus dommage que A New Frontier ait balayé tout cela, d’un revers de la main. Mais c’est un autre sujet, dont nous débattrons dans la partie II.


Épilogue
En dépit de quelques références aux comics The Walking Dead, la série Telltale a rapidement emprunté son propre chemin, afin de donner vie à des personnages inédits et mémorables, tout en utilisant le prétexte de l’apocalypse, pour explorer l’âme humaine. Malgré son passé criminel, Lee est un personnage attachant qu’il est improbable de ne pas apprécier. Certes, cela est influencé par les choix des joueurs, mais Lee est d’un naturel philanthrope et protecteur. Son seul objectif et de veiller sur Clémentine, et de lui donner toutes les chances de survivre, dans ce monde infesté de rôdeurs. Bien que la petite fille doive beaucoup à son père de substitution, c’est elle qui sauve le plus Lee, en lui permettant de réaliser un rêve de longue date, et surtout, en lui donnant une raison de vivre et d’espérer. Dans The Walking Dead, les relations humaines sont à la fois la seule source de réconfort des personnages, et aussi le pire des dangers. Dans la saison 2, Clémentine est une adolescente étonnamment mature pour son âge. Il lui faudra sacrifier les derniers pans de son enfance pour survivre, mais aussi assister à différents jeux de miroir entre les personnages et les relations, pour progresser. La question de la parentalité mais aussi de la fraternité (ou sororité) est cruciale dans The Walking Dead. Kenny est un personnage très intéressant. Alors qu’on le soupçonne d’incarner un nouveau père de substitution pour Clémentine, ou au contraire, un nouveau tyran, son destin est finalement dépendant des décisions de Clémentine, qui n’est plus une fillette à protéger, mais un guide à son tour. Et ce avant même d’élever Alvin Jr. Punir Kenny pour ses actes, ou choisir de le guider vers la rédemption, est un choix personnel qui appartient à chaque joueur. Nous avons aussi la possibilité de donner raison à Jane, afin de se libérer de toute forme de patriarcat, ou encore d’abandonner les deux mentors déchus, afin que Clémentine poursuive sa route, de manière indépendante. Chaque dénouement a du sens, et en dit long sur la manière dont évolue Clémentine.
Et vous, quels ont été vos choix ? A bientôt pour la partie II.

