Lego Star Wars | La nouvelle formule Lego est-elle vraiment meilleure ?

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…. J’ai découvert les jeux LEGO qui se sont révélés très plaisants. J’ai passé un certain nombre d’heures sur Lego Harry Potter, initialement sorti en 2010. C’est avec une impatience non dissimulée que j’attendais la venue de Lego Star Wars : La saga Skywalker, paru le 5 avril 2022 et annoncé comme « le plus grand jeu Lego jamais créé ». Ce n’est pas tout, la formule habituelle des jeux Lego, qui avait certes déjà évolué avec le temps, a été repensée. De coutume, je suis plutôt friande des sagas ayant le courage de se renouveler. Mais est-ce toujours pour le mieux ? Si certaines nouveautés initiées font de Lego Star Wars un jeu innovant et beaucoup plus fun, d’autres ont rendu l’expérience désespérément chronophage et indigeste. Comme quoi, même les meilleurs d’entre nous peuvent basculer du côté obscur…

Du côté lumineux…

Vous insérez le disque dans votre console et, pourvu que vous soyez fan de Star Wars, des frissons vous parcourent l’échine tandis que vous assistez à la cinématique mettant en scène tous les personnages les plus marquants de la saga Skywalker. Vous avez alors le choix de commencer par la prélogie, la trilogie originale ou la postlogie. Les neufs épisodes de la saga sont scindés en 45 niveaux, où vous savourerez les reconstitutions d’autant plus fidèles que vos pas sont accompagnés des musiques originelles et même de certaines voix officielles, dans la version française. Si vous êtes habitués à enchaîner les niveaux de manière linéaire, ce n’est plus tellement le cas ici. A vrai dire, il est parfois même difficile de différencier l’exploration du monde ouvert du niveau en tant que tel. Le déroulement de l’intrigue est beaucoup plus fluide, et, d’une certaine manière, les niveaux plus courts. Vous aurez d’autant plus l’impression d’être happés par l’histoire que la caméra ne se situe plus au-dessus des personnages, mais près d’eux, voire derrière leur épaule.

Certaines bases du gameplay demeurent les mêmes, qu’il soit question de détruire des éléments pour mieux les reconstruire, ou encore de résoudre des énigmes somme toute simples. D’autres phases de jeux sont plus innovantes et spectaculaires, à commencer par les niveaux dans l’espace et surtout les duels au sabre laser. Jedi et Sith s’affrontent avec énergie, lorsqu’ils ne choisissent pas d’avoir recours à la force, pour déstabiliser leur adversaire ou encore lui jeter des projectiles.

Lego Star Wars ne s’est pas moqué de nous dans la mesure où il est généreux. Outre ces nouveautés, (comme le fait que les PNJ agissent différemment selon le personnage que vous incarnez), le jeu est une reconstitution fidèle et complète de l’univers Star Wars. Dans la galaxie, vous aurez la possibilité d’explorer plus de vingt planètes et ô combien de lieux cultes tirés des films. Presque 400 personnages sont déblocables et tous possèdent des capacités uniques, puisqu’ils sont répartis en neuf classes distinctes ; Jedi, héros, pilleurs, vauriens, chasseurs de prime, vilains, partisans du côté obscur et enfin droïdes astromécanos ou protocolaires. Le jeu propose également une reconstitution de tous les vaisseaux aperçus dans les films. (Les vaisseaux les plus grands sont d’ailleurs des lieux à part entière que l’on peut explorer.) Sur le papier, Lego Star Wars a tout pour plaire, et je dois avouer que je l’ai parfois trouvé aussi impressionnant que plaisant. Et pourtant, après 100h de jeu pour le terminer, j’en suis sortie non seulement ennuyée, mais dégoûtée.

… Au côté obscur

Ce n’est pas la première fois que je m’en plains, mais je préférais l’humour des jeux Lego, avant. A l’époque de Lego Harry Potter, par exemple, les personnages étaient muets. Tout juste se contentaient-ils d’émettre des bruitages. Les cinématiques se concentraient sur un comique de geste ou de situation, et c’était terriblement efficace. Lego Star Wars n’est pas dénué d’humour, cela va sans dire. Certaines cinématiques sont complètement burlesques et décrochent un sourire. Hélas, depuis que les personnages Lego parlent, lesdites cinématiques ressemblent plus à un résumé rapide de l’histoire qu’autre chose. Tandis que le nouveau jeu Lego rend un hommage humoristique à la prélogie et à la trilogie, j’ai trouvé les gags de la postlogie beaucoup plus méta. Certaines cinématiques se moquent allégrement de faits ayant été reprochés à la postlogie, et je ne peux que saluer cette audace même si ce n’est jamais trop irrévérencieux. Personnellement, j’apprécie le personnage de Kylo Ren, mais ça ne m’a empêchée de trouver sa parodie irrésistible.

Au demeurant, le côté le plus sombre de cette nouvelle aventure Lego est sa longévité. Certes, nous étions prévenus, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. J’adopte, naturellement, le point de vue d’une chasseuse de trophées. Vous n’êtes pas obligés de fouiller la galaxie de fond en comble. Mais si vous vous lancez dans cette aventure, attendez-vous à une tâche terriblement chronophage et indigeste. J’ai toujours adoré les mondes ouverts et les collectibles ne m’ont jamais particulièrement dérangée. Aussi tiens-je à féliciter Lego Star Wars pour m’en avoir dégoûtée. Cela commence dans les niveaux en eux-mêmes qui, en plus de proposer les missions habituelles, comme collecter un certain nombre de pièces, intègrent un système de défis. Si certains se réalisent seuls, d’autres sont plus retors et nécessitent d’accomplir une action spécifique. C’est toutefois dans l’exploration de la galaxie que l’on trouve le plus de tâches à accomplir. Non seulement les missions secondaires sont nombreuses, mais elles sont répétitives et inintéressantes à souhait. Ne vous attendez pas à tomber sur une référence à l’univers étendu, ou même sur une mission un tant soit peu prenante ou divertissante. Elles se ressemblent toutes, la moindre action doit être réalisée au moins trois fois, et les allers et retours sont interminables. Ajoutez à cela des exploits, des défis (proposant de retrouver les Porgs ou Wookies errant dans la galaxie) et bien sûr la recherche de briques, qui sont plus de 1000. Lego Star Wars a atteint le paroxysme de l’absurdité et de la vanité d’un monde ouvert exagérément vaste et artificiellement rempli. Vous allez et venez d’un point à un autre, pour récolter des objets insignifiants ou pour réussir des missions toutes moins imaginatives les unes que les autres. Je crois qu’il faudrait bannir de la galaxie le premier jeu ayant eu l’idée d’intégrer un système de collectibles. De nos jours, cela est surexploité au point d’en devenir grotesque.

Pour couronner le tout, ce Lego Star Wars n’est pas si complet que cela. Certains personnages des films dérivés ou des séries disponibles sur Disney + sont payants. Au point où j’en étais, j’ai décidé d’investir dans le personnage du Mandalorien, accompagné de Grogu. Contrairement aux protagonistes disponibles dans le jeu, celui-ci ne possède même pas de voix. Et ce n’est pas tout ! Vous n’êtes pas au bout de vos peines, misérables. A l’heure où j’écris cet article, le jeu est encore truffé de bugs. Cela n’est pas une nouveauté pour les jeux Lego, me direz-vous, mais il s’agit d’un autre record battu. Combien de missions principales ou secondaires ai-je recommencées ? Combien de fois le jeu s’est-il arrêté seul ? Lego Star Wars n’était décidément pas à la hauteur de ses ambitions…

Conclusion

Lego Star Wars voulait être le plus grand jeu Lego jamais créé et il y est parvenu. S’il est plaisant de revisiter les neufs films adaptés avec humour, et de découvrir de nouvelles phases de gameplay, comme les batailles spatiales et surtout les combats au sabre laser ; le reste du jeu est beaucoup moins aguichant. Il vous faudra pas moins de 100 heures pour explorer la totalité de la galaxie. Le monde est non seulement vaste, mais il est jonché de missions annexes insignifiantes et de collectibles au nombre complètement démesuré et grotesque. Ce qui me chagrine le plus, si les jeux Lego continuent dans cette voie, c’est qu’ils perdent leur identité propre. Les jeux Lego originaux avaient un charme bien à eux, qui les démarquait du paysage vidéoludique. Ce Lego Star Wars, en dépit de sa générosité, est un open world comme un autre, ou devrais-je dire pire que les autres. Il n’est plus question de s’amuser dans un grand bac à sable faisant de multiples clins d’œil à une saga ; il s’agit juste d’accomplir une liste de tâches non seulement interminables mais sans âme. Aussi ressemblante la reconstitution de l’univers soit-elle, le jeu n’en est pas moins une coquille vide, dénuée du charme et de la magie qui émanent des films. Le moins que l’on puisse dire au sujet de Lego Star Wars, c’est que la force n’est pas avec lui.

Dossier #4 : (Mon) Histoire du RPG

J’adore les jeux vidéo, et ceux que je préfère par-dessus tout sont les RPG. Dernièrement, j’ai terminé Légendes Pokémon : Arceus qui, en dépit de ses défauts, m’a permis de m’évader. Vous pourrez d’ailleurs prochainement retrouver mon test sur Pod’Culture. J’en suis venue à me faire la réflexion que, même s’il s’agit de mon genre de prédilection, je n’ai pas des connaissances énormes sur le sujet, et ne me suis d’ailleurs jamais demandé pourquoi ces jeux me faisaient autant vibrer. Ce que je vous propose, c’est un article retraçant l’histoire du RPG, certes, mais entrelacé à ma propre histoire, ou du moins celle que j’ai en commun avec les titres m’ayant le plus marquée.

I. Les origines du RPG [1970-1992]

Comment est né le RPG ?

Le RPG trouve son origine dans les années 70. Pour cause, il est l’héritier des jeux de rôle sur table. Le premier d’entre eux est un titre un peu obscur et méconnu : Donjons et Dragons. Ce jeu de rôle inventé par Gary Gygax et Dave Arneson se joue avec des dés. Il pose plusieurs règles des futurs RPG comme l’introduction de combats au tour par tour, de points de magie ou même d’une accointance avec l’heroic fantasy.

C’est seulement en 1975 que serait apparu le premier jeu de rôle numérique, fort inspiré de Donjons et Dragons. DND aurait été développé dans une université du Sud de l’Illinois. L’objectif était de vaincre les ennemis d’un donjon, avant de récupérer le trésor et de remonter à la surface. Il est fort probable qu’au moins deux autres jeux aient été développés dans la même période que DND, c’est pourquoi il faut retenir cette information avec prudence.

Ultima, apparu en 1981, est le premier RPG à utiliser un système de cartes pour aller d’un environnement à un autre. Il fut développé par Richard Garriott et inspira Dragon Quest.

Des enfants jouent à un jeu de rôle, l’un des écrans de DND et le menu d’Ultima

1986 est une date clé pour les jeux vidéo, comme pour les RPG. En 1986, The Legend of Zelda est le premier jeu à proposer un système de sauvegarde. Il est rapidement suivi par un certain Dragon Quest. Les RPG auraient effectivement eu du mal à exister, sans la possibilité de sauvegarder ! Ces deux petits bijoux arrivent sur Famicom, ou NES, pour les intimes.

Dragon Quest, le premier RPG emblématique ?

Le premier Dragon Quest permet d’incarner le Héros, un descendant de Roto. Il est le seul capable de sauver la princesse Laura, et de ramener la lumière dans le monde. Dragon Quest est le premier né d’une longue lignée. Le onzième et dernier opus principal en date s’intitule Les Combattants de la Destinée. Il s’agit aussi du premier Dragon Quest que j’ai fait et il m’a bouleversée, car il était imprégné autant des bases de la franchise, que du genre du RPG lui-même.

Dans Dragon Quest XI, nous sommes toujours amenés à incarner un Héros destiné à préserver la lumière dans le monde. Ce qui va changer, ce sont les péripéties et les acolytes constituant l’équipe. Il m’est impossible de ne pas mentionner Sylvando, un chevalier singulier dont le genre n’est guère défini et qui n’hésite pas à reconstituer une scène digne de la gay pride. Dragon Quest, ce sont des personnages hauts en couleurs et des rebondissements, sublimés par une musique mémorable ainsi qu’une direction artistique à se damner. Le style artistique est en effet celui du seul et unique Akira Toriyama, qui travaille sur Dragon Quest, depuis presque aussi longtemps que sur Dragon Ball.

Un aperçu du premier Dragon Quest sur NES, une illustration d’A. Toriyama et Sylvando (Dragon Quest XI)

Qu’est-ce qu’un RPG ?

Dragon Quest est par ailleurs un bon exemple pour rappeler la définition exacte d’un RPG. Un RPG consiste à incarner un ou des personnages afin de les faire évoluer, au sein d’un univers vaste. Généralement, le scénario est assez complexe pour assurer une durée de vie conséquente. Le jeu alterne entre des phases d’exploration, de dialogues et surtout de combats, au tour par tour. Afin de progresser, le personnage doit acquérir des points d’expérience, compléter un arbre de compétences ou utiliser un équipement plus efficace. Un RPG se situe généralement dans un univers médiéval ou au contraire futuriste. Tous deux possèdent une part de fantastique. Le background est notamment alimenté par les PNJ et les quêtes annexes.

Le RPG est lié à de nombreux sous-genres, à commencer par l’Action RPG, qui, désormais très populaire, permet de rendre les combats plus dynamiques. Au reste, on peut aussi mentionner le Hack and Slash, le Rogue Like, le Tactical RPG, le MMORPG et même le jeu de rôle par forum. Pour l’anecdote, sachez que – plus jeune – j’ai passé des années à écrire sur des jeux de rôle par forum, voire même à les administrer et les modérer ! Le but était de créer une fiche de personnage, avant de raconter ses aventures, uniquement par écrit. Les autres joueurs et joueuses répondaient avec leurs propres personnages, et nous bâtissions ainsi une histoire commune, par les seuls pouvoirs de l’écriture et de l’imagination.

De Dragon Quest à Final Fantasy

C’est en 1987 que la petite sœur de la saga Dragon Quest arrive sur Famicom. Je veux bien entendu parler de Final Fantasy. Le premier titre de la franchise met en scène les Guerriers de la Lumière, dans un univers gouverné par les cristaux élémentaires. Chaque membre de l’équipe peut appartenir à une classe, comme Guerrier, Mage blanc ou Mage noir. A partir de Final Fantasy III, la série devient aussi célèbre pour son système d’invocations. Aujourd’hui, la saga principale – anthologique, comme Dragon Quest – comporte 15 épisodes. J’ai joué à la majorité d’entre eux, parfois même quand j’étais enfant. C’est pourquoi il s’agit de l’une de mes licences de cœur. Le thème principal des Final Fantasy, l’un des seuls à revenir, est particulièrement émouvant. Mais je m’attarderai plus amplement sur la saga, plus tard.

Un village de Final Fantasy, le combat dans Final Fantasy puis dans Final Fantasy IV (Complete Collection)

Qu’est-ce qu’un JRPG ?

Il est grand temps de mentionner le fait qu’il y ait deux écoles, ou deux styles de RPG. Dragon Quest et Final Fantasy sont des JRPG. Le RPG japonais introduit généralement toute une équipe de héros, afin de venir à bout de la quête principale. Le JRPG possède initialement des combats au tour par tour, bien que l’action tende à se démocratiser. Ce qu’il faut retenir par-dessus tout, c’est que le JRPG est très dirigiste par rapport aux RPG occidentaux. Pour ne citer que cela, les joueurs et joueuses n’ont pas une grande étendue de choix et les dialogues ont rarement des conséquences sur le dénouement. Pour l’anecdote, les pays occidentaux n’adhèrent pas tout de suite aux RPG. C’est pourquoi les premiers Dragon Quest et Final Fantasy mettront des années à débarquer en Europe, notamment.

A-RPG, MMORPG et 3D

La même année débarque YS, probablement le premier A-RPG. YS est également devenu le pionnier d’une longue licence de jeu vidéo. Celle-ci ayant eu du mal à se faire une place en Europe, on peut davantage retenir des titres comme Secret of Mana (1994) ou Star Ocean (1996).

En 1991, Neverwinter Nights est le premier MMORPG entièrement graphique. Il s’agit d’un jeu massivement multijoueurs, en ligne.

1992 fut une grande année, pas seulement parce que votre humble narratrice naquit, mais aussi parce que les jeux vidéo commencèrent à être en 3D. On peut mentionner le survival horror Alone in the Dark, sur PC. Nous allons donc entrer dans une nouvelle ère…

Un dialogue dans YS, un aperçu du MMORPG Neverwinter Nights et d’Alone in the Dark, en 3D

I. Les origines du RPG [1970-1992]II. L’arrivée de la 3D et l’essor des RPG [1994-2004]III. Un genre victime de son succès ? [2007-2020]

L’héritage de The Outer Worlds

Si tu en avais l’opportunité, serais-tu prêt(e) à te faire cryogéniser afin d’entreprendre un long voyage spatial, qui te permettrait de faire partie de la première colonie extra-terrestre ? C’est le scénario proposé par The Outer Worlds, un Action-RPG paru en octobre 2019. A défaut de te proposer un véritable voyage dans l’espace, j’aimerais t’embarquer dans une analyse de ce jeu développé par Obsidian Entertainment. Je vais tâcher d’éviter tout spoiler majeur de l’intrigue. The Outer Worlds est très intéressant, tant grâce à son genre narratif, propice à de nombreuses références, qu’à son genre vidéoludique. (Tu ignores ce qu’est une uchronie ou un jeu rétrofuturiste ? Ce n’est pas grave ! Installe-toi. On va en parler.) Ne nous leurrons pas, le jeu d’Obsidian n’est pas exempt de limites techniques, ce qui ne l’empêche pas de tirer son épingle du jeu grâce à son écriture raffinée.

« Y’a d’la joie, partout, y’a d’la joie ! »

Qu’est-ce que l’uchronie ?

L’intrigue de The Outer Worlds se déroule au XXIVe siècle. Il s’agit d’un futur alternatif dont le point de divergence est l’année 1901. Le Président des États-Unis William McKinley n’est pas assassiné par Leon Czolgosz et Theodore Roosevelt ne lui succède jamais. Les megacorporations prennent suffisamment d’ampleur pour développer des technologies révolutionnaires et envisager de coloniser l’espace. En ce sens, The Outer Worlds est une uchronie. Un événement historique diverge est devient le point de départ d’un récit fictif. On imagine ce qu’il adviendrait si les choses s’étaient déroulées différemment. C’est un ressort régulièrement utilisé dans le domaine du jeu vidéo. Il est impossible de ne pas citer Civilization, dont le but même est de simuler des situations uchroniques. Je n’aurais jamais cru utiliser cet exemple un jour, mais l’on peut aussi mentionner Call of Duty : World at War ou Black Ops. Un mode de jeu suggère d’éliminer des zombies, en supposant qu’ils ont été inventés par un groupe scientifique lié aux nazis, en 1945. La réflexion peut même être poussée plus loin. On peut partir du postulat que l’uchronie concerne non pas une date historique, mais un événement inhérent à l’histoire même du jeu. En ce cas, Life is Strange est uchronique, puisque Max est capable de revenir dans le passé afin de créer des réalités alternatives.

Et le rétrofuturisme ?

Outre son caractère uchronique, The Outer Worlds peut être assimilé au rétrofuturisme. Les œuvres rétrofuturistes se distinguent par une imagerie rétro, s’inspirant grandement des représentations de l’avenir, telles qu’on les imaginait jusqu’aux années 70 voire 80. Cela est combiné à la présence de technologies très futuristes, de manière à maintenir une tension constante entre le passé et le futur. Cet effet de contraste est omniprésent dans The Outer Worlds. Les (nombreux) écrans de chargement sont très révélateurs, dans la mesure où ils dévoilent des affiches de publicité très vintages. Bioshock est aussi une œuvre rétrofuturiste, puisque la ville de Rapture est peuplée d’inventions et de technologies qui n’existaient pas encore dans les années 50. Notons que le rétrofuturisme est souvent utilisé pour dénoncer l’aspect aliénant des nouvelles technologies, et The Outer Worlds ne fait pas exception à la règle !

L’uchronie et le rétrofuturisme sont deux genres qui s’épousent à merveille. Ils ont un impact tant sur l’intrigue, que sur l’atmosphère et l’imagerie du jeu. Cela donne une personnalité unique à l’univers. Au reste, dans The Outer Worlds, ces éléments n’ont rien de hasardeux. Ils dénotent simplement de la volonté de présenter un hommage non dissimulé à la saga Fallout.

De Fallout à Star Wars : KOTOR

Fallout est un exemple populaire d’uchronie et de rétrofuturisme. L’un des points de divergence les plus importants y est le prolongement de la Guerre Froide. Les États-Unis et l’URSS consacrent toute leur énergie et l’ensemble de leurs recherches au conflit. C’est pourquoi l’humanité reste figée dans un cadre culturel propre aux années 50. Ce n’est que dans la deuxième partie du XXIe siècle que l’entreprise Vault Tec voit le jour et invente des abris anti nucléaires, avant que le monde soit en partie dévasté par des bombardements. Même si tu n’as jamais joué à Fallout, tu as probablement déjà aperçu les environnements post-apocalyptiques du jeu, lesquels contrastent avec une imagerie inspirée des années 50. Vault Boy en est un parfait exemple, c’est sans doute pourquoi il est devenu si iconique. Dans The Outer Worlds, la mascotte de l’entreprise Spacer’s Choice n’est pas sans rappeler Vault Boy. Moon Man ne lui ressemble pas physiquement mais il a la même fonction. Il donne une identité propre à une entreprise fictive, afin de rendre l’univers à la fois plus crédible et immersif. Inspiré de l’imagerie des années 50 ou 60, il a pour vocation de marquer les esprits. Les allusions à Fallout ne s’arrêtent pas là. Le gameplay est très similaire. Cela n’est pas si étonnant dans la mesure où Obsidian Entertainment avait travaillé sur Fallout : New Vegas, en 2010. Ainsi, The Outer Worlds dispose d’un écran de personnalisation du personnage, de nombreux PNJs et d’une exploration très libre afin de mener à bien les multiples quêtes annexes. Par dessus-tout, le jeu est un FPS, où il est possible de ralentir le temps, afin de viser les cibles de manière critique. Ce système de combat m’a énormément rappelé Fallout 4.

Enfin, The Outer Worlds permet de se rapprocher des six membres de son équipage, grâce à différentes options de dialogue et à des quêtes personnalisées. Cela rappelle encore Fallout, certes, mais aussi et surtout Star Wars : Knights of the Old Republic. Si tu explores ton vaisseau spatial, l’Imposteur, tu t’apercevras qu’une des cabines abrite un robot hors d’usage. Il faudra remplir certains objectifs avant que Sam ne devienne un membre de l’équipage à part entière. Cette quête m’a énormément fait penser à celle permettant de débloquer HK-47, dans KOTOR. Sans surprise, j’ai découvert qu’Obsidian Entertainement avait travaillé sur Star Wars KOTOR 2. Il est inutile de préciser que cela a été un immense plaisir de retrouver des échantillons de cette saga qui me manque terriblement, dans The Outer Worlds. (Notons que le jeu est souvent comparé à Mass Effect, mais je connais trop peu la saga pour en parler).

Hélas, toutes les planètes ne sont pas accessibles dans le jeu.

Atouts et limites techniques

Bien que The Outer Worlds ne permette pas d’incarner un Jedi, cédant au côté lumineux ou obscur de la force ; les choix ne sont pas sans conséquence. Le jeu dispose d’un système de réputation vis-à-vis des différentes factions de l’univers. Si avoir une réputation positive permet notamment de faire baisser les prix des commerces, une réputation trop négative peut rendre certaines villes hostiles et impossibles à explorer. Tu dois donc faire très attention aux conséquences de tes actes. Par ailleurs, les compétences liées aux dialogues sont aussi importantes, si ce n’est plus, que celles liées au combat. Si tu deviens un fin orateur, ou manipulateur, tu peux tout à fait terminer le jeu sans avoir à affronter les adversaires les plus coriaces.

Au reste, il serait malhonnête de nier les défauts, ou plutôt devrais-je dire les limites techniques du jeu. Bien que la direction artistique soit intéressante, The Outer Worlds n’est pas particulièrement joli. Je n’ai pas l’habitude d’accorder trop d’importance au réalisme ou à la propreté des graphismes, mais la mise en scène elle-même n’a rien de mémorable. J’ai été chagrinée de constater que l’univers dispose d’un bestiaire aussi restreint. Il n’est pas rare de trouver les mêmes créatures, sur des planètes différentes. Mais c’est sa durée de vie qui peut le plus diviser. The Outer Worlds est loin d’être une aventure aussi étendue que Fallout 4, pour ne citer que lui. On fait assez rapidement le tour des différentes planètes, (d’autant que certaines ne sont visitables qu’en acquérant des DLCs). Le jeu est d’autant plus court si on se concentre sur la quête principale. (Ce qui, cela va sans dire, serait une grossière erreur). J’ai malgré tout pris beaucoup de plaisir au cours de ce périple.

L’équipage au grand complet.

La plume est plus forte que le fusil blaster

C’est par son écriture travaillée que The Outer Worlds tire son épingle du jeu. Il n’est pas rare que la richesse des dialogues rende un PNJ plus mémorable qu’il ne devrait l’être. Le jeu dispose d’une ironie et d’un humour noir assez développés. Par dessus-tout, les membres de l’équipage sont relativement attachants. Tu auras la possibilité de recruter Parvati, Max, Félix, Ellie, Sam et Nyoka, au cours de ton aventure. Se rapprocher de Parvati permet de débloquer une quête au bout de laquelle elle peut séduire Junlei, une ingénieure vivant sur le Transporteur. Les dialogues évoquent l’homosexualité et même l’asexualité avec justesse. Dans un tout autre registre, Max est un vicaire peu orthodoxe qui semble tout droit sorti de romans gothiques. On est ici plus dans l’interprétation que dans l’analyse, mais pour demeurer dans les références littéraires, l’analogie faite entre les porcs et les dirigeants de la colonie n’est pas sans rappeler La ferme des animaux, de George Orwell. La question de la lutte des classes est abordée tant par l’histoire de The Outer Worlds, que par la manière dont sont construites les régions et les villes.

« Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. »

Tu l’auras compris, il y a énormément à dire sur The Outer Worlds, mais il serait difficile de rentrer dans les détails, sans spoiler. Je ne peux donc que t’inviter à prendre un aller direct pour l’Imposteur, afin de participer à une belle aventure.

Sources

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27uchronies_dans_les_jeux_vid%C3%A9o

https://www.jeuxvideo.com/news/659902/l-uchronie-dans-les-jeux-video-et-si-l-histoire-s-etait-deroulee-autrement.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9trofuturisme#%C5%92uvres_de_fiction

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fallout

Ode aux personnages

Nous sommes le 30 avril. Il s’agit du jour de l’anniversaire d’Hauntya, dont tu connais peut-être déjà le blog. Pour l’occasion, je lui ai proposé de choisir le sujet de cet article. Hauntya m’a confié qu’elle avait envie que j’évoque mes personnages vidéoludiques favoris. Je trouve toutefois qu’il est plus intéressant d’y réfléchir, à plusieurs, comme je l’avais fait pour l’Ode aux thèmes de personnages. C’est pourquoi j’ai demandé à Hauntya de sélectionner dix personnages qu’elle affectionne, tout en faisant la même chose de mon côté. Une fois n’est pas coutume, j’essaie de te proposer une petite réflexion sur l’amour que l’on peut porter à ces personnages en pixels, plutôt qu’un simple Top. J’espère qu’elle t’inspirera suffisamment pour que tu nous confies, à ton tour, les personnages t’ayant le plus marqué(e). (Si tu en as envie, rendez-vous à la fin de l’article).

1. Les personnages formateurs

L’ami d’enfance

Nous avons tous été marqués par des personnages liés à l’enfance, soit qu’ils fassent partie de nos premiers souvenirs de joueurs, soit qu’ils véhiculent cette valeur dans l’œuvre dans laquelle ils apparaissent. De mémoire, le premier personnage que j’ai adoré est la mascotte de Pokémon : Pikachu. Ne me juge pas ! Je devais avoir environ huit ans quand j’ai commencé à regarder l’anime, et lorsque j’ai acquis ma propre Game Boy Color, munie de la cartouche de Pokémon version Jaune (1998). Pikachu symbolise le nombre incalculable d’heures que j’ai passées sur le JRPG, avant même de me découvrir une réelle passion pour le jeu vidéo ou ce genre en particulier. Pikachu est la madeleine de Proust idéale me renvoyant, avec nostalgie, à une époque heureuse, laquelle n’est plus si révolue que cela dès lors que je me lance dans une nouvelle aventure Pokémon.

Hauntya, pour sa part, a choisi le Roi Mickey, dans Kingdom Hearts (2002). Même s’il s’agit d’un jeu qu’elle a découvert récemment (et ce, sans aucune pression de ma part), Kingdom Hearts la renvoie à deux univers avec lesquels elle a grandi : la saga Final Fantasy et les classiques d’animation Disney. Or, Mickey a un rôle particulier dans Kingdom Hearts : «  Il est un des moteurs de l’intrigue, une figure de sagesse, et toujours empli d’espérance et de positif. Il représente le lien entre deux mondes différents, a un rire mémorable, une première apparition magistrale, et est très bien réinventé dans cet univers. » En fait, Sora et ses amis cherchent (entre autres) le Roi Mickey pendant la majeure partie de l’intrigue, avant de le retrouver au sein d’une cinématique mémorable. Pour l’anecdote, Disney avait expressément demandé aux créateurs de Kingdom Hearts d’utiliser leur mascotte avec parcimonie afin qu’il demeure iconique. Square Enix n’a donc pas fait les choses à moitié.

Le favori d’une licence clé

Un premier point commun se dégage entre Hauntya et moi, et pas des moindres. Nous avons grandi avec la licence Final Fantasy. Hauntya m’a confié que Linoa Heartilly, une des héroïnes de Final Fantasy VIII (1999), l’a accompagnée dans ses premiers pas de joueuse. Même si Linoa mériterait d’être redécouverte, sous un regard adulte, elle garde une place à part dans son cœur de gameuse : «  J’ai découvert une héroïne adorable, empathique, charmante, altruiste, engagée et franche comme pas deux. Un personnage qui veut le meilleur, et qui n’hésite pas à aider les autres. Quand on est enfant, c’est un protagoniste qui peut aisément devenir un modèle et transmettre de belles valeurs. » Il est plus difficile de décrypter un jeu lorsqu’on est jeune, et pourtant, les premières impressions ne trompent pas. Comme je l’avais remarqué dans mon analyse de Final Fantasy VIII, le patronyme même de Linoa (Heartilly) indique que ses actions sont dictées par le cœur, en plus de sa capacité à tirer les autres vers le haut, à commencer par Squall, le protagoniste. Linoa a une place particulière dans Final Fantasy VIII, qui est l’un des opus de la saga accordant le plus d’importance à la romance.

Pour ma part, j’aime un nombre incalculable de personnages de Final Fantasy, comme tu t’en doutes. Quasiment chaque protagoniste (et antagoniste) m’a marqué, à sa façon. Mais les compagnons de route ont toujours un charme singulier. Si je devais n’en choisir qu’un, il s’agirait certainement d’Auron, dans Final Fantasy X (2001). En fait, comme tu le réaliseras au fil de cet article, Auron est composé de plusieurs ingrédients qui me font apprécier un personnage. C’est un personnage plus mature que le héros, à qui il doit beaucoup enseigner. Il semble bourru et inaccessible, mais on finit par apprendre à l’apprivoiser. Sa tenue et sa manière de se battre son charismatiques, mais par-dessus tout, il est couvert de cicatrices, au point de ne voir que d’un œil et d’avoir l’un de ses bras immobilisé. C’est un combattant aguerri, qui en a trop vu pour une seule vie. On peut le qualifier de taciturne, mystérieux et cynique. C’est un personnage gris, qui essaie tant bien que mal de rester dans le positif. On le retrouve, de surcroît, dans le deuxième opus de Kingdom Hearts.

L’aventurière

La deuxième héroïne d’enfance d’Hauntya n’est autre que Lara Croft, dans Tomb Raider (2001). Voilà ce que m’a confié Hauntya : « Avec Lara, j’ai exploré des tas de pays, j’ai découvert un caractère fort et déterminé, mais aussi d’une élégance toute britannique, et avec Angel of Darkness, j’ai commencé à avoir mon amour pour les jeux vidéo sombres portant sur la psychologie des personnages. » Crois-le ou non, je n’ai jamais vraiment joué à Tomb Raider, qui m’évoque néanmoins de la nostalgie. Pour cause, mon père (qui a pourtant joué à peu de jeux) en était fan. J’ai été marquée, à mon insu, par les images, la musique ou les bruitages de la licence. Par ailleurs, Lara a influencé tellement de joueurs de ma génération qu’il est impossible de nier l’empreinte qu’elle a laissée sur le jeu d’aventure. Il s’agit d’une exploratrice forte et de l’une des premières héroïnes aussi emblématiques.

Pour ma part, je pourrais comparer l’affection d’Hauntya pour Lara, à celle que j’ai pour Aloy, dans Horizon Zero Dawn (2017). Certes, le jeu est assez récent mais il s’agit également d’une aventurière dont on suit l’évolution psychologique avec intérêt. Aloy a une place encore plus singulière depuis que mon animal de compagnie porte le même nom qu’elle. Mais ce qui me passionne le plus est la dynamique que l’on trouve, au début du jeu, entre Aloy et son père adoptif Rost. Je suis toujours touchée lorsqu’une histoire nous raconte la manière dont un personnage grandit, et lorsqu’il ou elle est guidé(e) par un mentor ou une figure parentale protectrice. Rost est de ces pères, d’apparence faussement bourrue, mais emplis d’abnégation, qu’on rêverait tous d’avoir. Il forme Aloy afin qu’elle devienne à la fois forte et indépendante, et on peut dire que cette quête initiatique est une réussite.

2. Exemples et contre-exemples

La figure du mentor

La figure du mentor est incontournable dans un récit initiatique. Elle est plus essentielle encore dans le cadre du jeu vidéo. Au contraire du cinéma, le joueur y est actif et doit lui-même accéder à l’apprentissage. Il n’est pas surprenant que le mentor ayant le plus ému Hauntya est Lee Everett, dans The Walking Dead : A Telltale Games Series (2012). « Juste, altruiste et réfléchi (bien qu’avec un passé sombre), cet ancien professeur est la parfaite figure du mentor qui aide Clementine à grandir dans le monde des zombies, marquant l’esprit de la petite fille, et aussi du joueur. En jouant Lee, nous décidons de l’apprentissage et de la survie de Clementine, en même temps que nous partageons les peurs et les tentatives de Lee de trouver un endroit sûr pour elle. C’est le mentor ou la figure paternelle qu’on aimerait avoir connu, qui donne envie de croire en l’homme. Que celui qui n’a pas pleuré à la fin de la saison 1 me jette la première pierre… » L’histoire de Lee est bouleversante, c’est indéniable. Je crois qu’elle l’est davantage lorsqu’on joue à la saison ultime de The Walking Dead, dans laquelle Clémentine est elle-même responsable d’un petit garçon. Cela permet de clôturer le cycle.

Ce qui est amusant, c’est que nous avons choisi, sans nous concerter, deux personnages appartenant à la même licence. J’ai été marquée par Kenny, un des amis de Lee et Clémentine. Dès la première saison, on réalise que Kenny est un homme nuancé, capable du meilleur comme du pire, dès qu’il est poussé dans ses retranchements. Or, Kenny fait face à des situations tragiques. Dans la saison 2, il endosse, d’une certaine façon, le rôle qui avait été celui de Lee. Il devient une nouvelle figure paternelle pour Clémentine, certes moins exemplaire. Comme d’autres personnages de la pop culture que j’affectionne, Kenny perd un œil. (Notons que c’est aussi le cas du Gouverneur, dans les comics et dans la série The Walking Dead.) Perdre un œil est symbolique. Le borgne voit, par définition, moins que les autres. Mais il est amené à acquérir, par la suite, une autre forme de clairvoyance. Cela peut aussi faire référence à la loi du Talion (« œil pour œil, dent pour dent »). La force de la saison 2 de The Walking Dead réside dans le fait que tu es libre de rester du côté de Kenny, ou non. Tu peux être rebuté(e) par ses éclats de colère et de folie et l’abandonner, ou au contraire, lui demeurer fidèle jusqu’à la fin. Dans ce cas-là, Kenny accède à une forme de remise en question et de rédemption. Les personnages égarés, aisément détestables, mais qu’on peut finalement sauver pourvu qu’on ait cru en eux, ont l’art de me parler.

L’anti-héros par excellence

Tu l’auras compris, Hauntya et moi sommes séduites par les personnages gris. Si Lee et Kenny accèdent, difficilement, à une forme de rédemption, certains personnages sont confrontés à des actes encore plus terribles. Mais n’est-ce pas pire lorsque tu ne t’en rends compte qu’à la fin du jeu ? Hauntya a choisi de nous parler du protagoniste de Silent Hill 2 (2001) : « James Sunderland représente mon retour aux jeux vidéos : il m’a rappelé à quel point ces univers vidéoludiques pouvaient être fouillés, passionnants et emplis de personnages marquants. Mon affection pour lui est lié à cette longue quête dans un Silent Hill cauchemardesque, dont j’espérais qu’il sortirait vivant, le protégeant contre toute attaque. Et puis, à la fin, se rendre compte qu’il est loin d’être un narrateur fiable ; qu’il est avant tout en quête de rédemption et de pardon, et qu’il affrontera la vérité sur ses actes, en dépit de son crime ; cela en fait un personnage tragique, aux réactions proches des nôtres, et qui nous fait réfléchir à sur ce qu’on aurait fait à sa place. » Je n’ai jamais fait Silent Hill 2, mais le jeu semble pourvu d’un scénario prenant le joueur au dépourvu, au point de le pousser à revoir son jugement sur le protagoniste.

C’est aussi le cas dans Star Wars : Knights of the Old Republic (2003). Si tu comptes faire ce jeu un jour, je t’invite à passer tout de suite au paragraphe suivant. Le meilleur jeu de l’univers Star Wars, surnommé KOTOR, permet d’incarner un protagoniste sensible à la Force. Il parcourt la galaxie, entouré de compagnons attachants, afin de devenir un Jedi et d’éradiquer la menace Sith : Dark Malak. Or, on réalise, au cours du dernier acte du jeu, que le protagoniste était lui-même un Sith, avant d’être terrassé par les Jedi, qui ont modifié ses souvenirs. Et pas n’importe quel Sith. Tu te rends compte que tu incarnes, à ton insu, Dark Revan, l’ancien maître de Dark Malak. KOTOR étant un RPG, tu as le choix entre le côté lumineux et le côté obscur de la Force. Tu peux pardonner ce mensonge à tes amis et demeurer un héros, en terrassant Dark Malak. Tu peux aussi choisir de te laisser dominer par la colère et la vengeance, en terrassant tes anciens compagnons, afin de redevenir Dark Revan, le maître tyrannique de la galaxie. Ce plot twist est, à mon sens, l’un des plus osés de l’histoire du jeu vidéo. Il n’est pas surprenant que Dark Revan soit devenu si emblématique dans l’univers étendu.

L’antagoniste

Tout cela m’amène à évoquer la figure de l’antagoniste ou du méchant, dans le jeu vidéo. Comme tu le sais peut-être, Hauntya et moi en sommes assez friandes. Or, il n’est pas idiot de se demander pourquoi l’on peut être fasciné(e) par un personnage à priori détestable. Notons qu’il existe plusieurs types de méchants, et que je suis moi-même plus réceptive à ceux ayant une part d’humanité, plutôt qu’aux entités caricaturales du mal. Je pense qu’un antagoniste bien construit permet de se questionner sur soi-même. D’après Jens Kjeldgaard-Christiansen, ce sont les méchants qui posent le plus d’interrogations sur le fonctionnement de la société, et sur la limite entre le bien et le mal. Or, un méchant bien construit n’est pas seulement méprisable. Il peut aussi posséder une apparence ou des vertus le rendant attractif. Après tout, le contraire serait manichéen et peu réaliste. L’antagoniste peut avoir des circonstances atténuantes qui expliquent ses réactions, faute de les pardonner. On pourrait aussi mentionner la fonction cathartique du vilain : ces personnages réalisent tout ce que nous n’oserions et ne devrions jamais faire. En ce sens, il est heureux que l’art existe ! J’aimerais clôturer cette mini-réflexion par la citation de Hitchcock suivante : « Meilleur est le méchant, meilleur est le film. »

Il se trouve que je suis amoureuse d’un jeu qui est loin de faire l’unanimité chez les fans de la licence : Final Fantasy XV (2016). A mon sens, le JRPG doit énormément à son antagoniste, un certain Ardyn Izunia. Il s’agit d’un antagoniste comme je les aime : chafouin au possible, il profite d’une apparence faussement anodine pour manipuler autrui. En un sens, il me rappelle Gaunter dans The Witcher III. Or, Ardyn abandonne parfois son attitude nonchalante pour démontrer un grain de folie. Ajoutons à cela une réelle dualité avec le protagoniste, Noctis. En découvrant le passé d’Ardyn, on réalise combien celui-ci croit ses actions légitimes. Je préconise de faire le DLC permettant d’incarner Ardyn. Interpréter un méchant y est purement cathartique, mais au-delà de ça, le DLC permet de réaliser qu’Ardyn n’a pas toujours été aussi démoniaque.

Il est heureux que j’ai mentionné The Witcher III (2015) car Hauntya en a choisi un autre antagoniste : Syanna. Notons que celle-ci n’apparaît que dans le DLC Blood and Wine : « Elle est une des investigatrices derrière les intrigues du DLC, et également un personnage brillamment écrit, mêlant à sa destinée à des histoires de vampires et de conte de fées. Considérée comme maudite pendant son enfance, en grandissant, elle devient une femme badass, déterminée et cynique, mettant son intelligence à profit pour nuire à d’autres protagonistes. C’est aussi un personnage vulnérable qui a subi de sacrées blessures, mais qui ne se laisse pas pour autant abattre et qui fait tout pour arriver à ses fins, séduisant et manipulant. La fin de son histoire peut être à double tranchant, achevant de rendre ce personnage complexe, nuancé et finement élaboré. »

3. Réécritures et différences

Le personnage adapté

Abordons un sujet plus léger avec la réécriture d’un univers. Hauntya est une grande fan de littérature, il n’est donc pas étonnant qu’elle ait été séduite par plusieurs adaptations de romans, à commencer par American McGee’s Alice (2000) et Alice Madness Returns (2011). Le conte Alice au Pays des Merveilles est troublant, qu’il s’agisse de sa forme littéraire ou même de l’adaptation réalisée par Disney. Mais ce n’est sans doute rien face aux jeux dont nous parle Hauntya. « American McGee revisite le Pays des Merveilles et Alice d’une manière psychologique, sombre et merveilleuse à la fois, prouvant qu’on peut transposer brillamment l’essence d’un univers littéraire en jeu vidéo sans le trahir. Son Alice est aussi une figure féminine, tranchante, ironique et déterminée à la fois. »

Pour ma part, j’ai envie de revenir sur une saga que nous avons déjà évoquée : Kingdom Hearts. N’est-elle pas emblématique lorsqu’on parle de réécriture de contes, de films ou même de jeux ? Les personnages, originaux ou empruntés à la licence Final Fantasy sont confrontés aux péripéties de nombreux univers Disney. Dans chaque jeu, lesdits Disney sont choisis de manière à servir le fil rouge de l’histoire et sincèrement raconter quelque chose. Mon personnage favori de Kingdom Hearts n’est autre que Roxas. Tu es amené(e) à contrôler Roxas, dans le prologue de Kingdom Hearts 2 (2005), sans savoir ce qu’il est advenu de Sora, le réel protagoniste. Tu réalises alors que l’identité de Roxas est plus nébuleuse que tu l’imaginais, au même titre que son rôle dans l’histoire. Je suis très sensible à l’allure d’un personnage et j’adore celle de Roxas. Ce n’est pas étonnant car je suis amatrice du travail de son character designer : Tetsuya Nomura. La tenue initiale de Roxas est constituée de carreaux et de motifs tranchant entre le blanc et le noir, afin de symboliser les nuances et déchirures de ce personnage si mélancolique. Le nom Roxas est, quant à lui, un anagramme de Sora, auquel on ajoute la lettre -x. Ces détails peuvent sembler anodins, mais j’adore quand un personnage regorge de symbolisme. (Pour l’anecdote, Roxas se cache dans le logo de Little Gamers, à l’instar de Six, dans Little Nightmares.)

Le personnage mythologique

La réécriture d’un univers n’est-elle pas encore plus ambitieuse lorsqu’il s’agit de mythologie ? Il se trouve que, récemment, Hauntya et moi avons été séduites par la mythologie nordique, à travers deux jeux distincts. Hauntya a eu un véritable coup de cœur pour Hellblade : Senua’s Sacrifice (2017). « Senua est une guerrière picte hissée au rang de figure mythologique, traversant une odyssée aux enfers nordiques pour récupérer l’âme de son bien-aimé. En la rendant psychotique, les créateurs du jeu ont aussi voulu montrer leur engagement à la sensibilisation des maladies mentales. Si j’aime autant Senua, c’est pour son courage, son humanité, son refus absolu d’abandonner sa quête, sa vulnérabilité. Et pour sa sensibilité : en montrant le visage d’une héroïne singulière et différente, qui ne voit pas le monde comme les autres et qui n’est pas dans la norme, impossible de ne pas s’y identifier, d’y trouver un écho avec ce qu’on a soi-même vécu. » Il est intéressant de constater combien un personnage peut diviser. Alors qu’Hauntya a été charmée par Senua, je ne suis parvenue à faire que le début de Hellblade, que j’ai trouvé dérangeant. Ce n’est pas pour cela qu’il est mal fait, bien au contraire !

J’ai moi-même été charmée par un personnage qui divise tout autant. Kratos est le Dieu de la Guerre, un homme féroce qui ne laisse guère de place à la parole ou à l’épanchement des sentiments. Dans les premiers God of War, il ne se soucie que d’assouvir sa soif de vengeance, quitte à tout détruire sur son passage. Ce n’est pas parce qu’il est le personnage que nous incarnons qu’il est héroïque. Mais alors que les premiers God of War se focalisent sur l’action et sur les hurlements bestiaux de Kratos (ce qui réduit son intérêt, on ne va pas se mentir), le dernier God of War (2018) donne un nouveau souffle à la saga. La mise en scène est plus travaillée que jamais, grâce à un plan-séquence et des environnements incroyables. Le gameplay est réajusté, la mythologie nordique inédite et surtout, Kratos devient le père d’Atreus, qui l’assiste tout au long de ses aventures. Kratos ne devient ni parfait, ni le père de l’année, mais c’est un guerrier déchu, ébranlé par son passé et par ses crimes antérieurs. Il éprouve les plus grandes difficultés du monde à révéler à son fils qui il est vraiment. Atreus ignore même qu’ils sont des dieux. La quête de rédemption a su me toucher, au même titre que le sous-texte de certains dialogues entre Atreus et Kratos qui, aussi fort est-il, a peur de révéler un secret susceptible d’ébranler leur relation.

Le personnage qui s’affirme

La peur de révéler un secret susceptible d’ébranler une relation est quelque chose qui a parlé, à un moment ou un autre, à toute personne ayant été concernée par un coming-out. Il était inévitable pour Hauntya et moi de sélectionner (toujours sans se concerter), au moins un personnage représentatif de la cause LGBT, dans les jeux vidéo.

Le choix d’Hauntya s’est porté sur un des personnages principaux de la licence Life is Strange (2015) : Chloe. Bien sûr, elle n’a pas choisi Chloe juste parce qu’elle est queer et lesbienne (dépendamment des choix que l’on faits). Ce serait assez discriminant. Life is Strange est assez bien écrit pour faire de Chloe un personnage à part entière, indépendamment de cela. « Comment ne pas aimer Chloe Price ? Elle est punk, queer, déterminée, rebelle ; elle est aussi une amie loyale, une personne aux principes bien arrêtés et sans filtre, ayant vécu du bon et du mauvais, et encore dans cette phase de recherche propre à l’adolescence et au début de l’âge adulte. Elle incarne ce qu’on a pu ressentir pendant sa propre adolescence, émerveillement comme cynisme, et en même temps, elle nous touche en ayant subi bien des sentiments universels : le deuil, la rupture amicale, l’amour, l’amitié, la dépression. Elle est terriblement mature, tout en ayant toutes ces émotions démesurées que chacun connaît aux périodes de construction de sa vie. Et elle est juste hyper cool. » Chloe est un personnage très affirmé, incarnant néanmoins la quête d’identité de tout adolescent digne de ce nom. Ce paradoxe est terriblement juste et touchant.

Au contraire, le personnage que j’ai sélectionné est quelqu’un qui ne se pose aucune question sur son identité et ses envies, même s’il semble redouter le jugement d’un père. Il s’agit de Sylvando, dans Dragon Quest XI (2017). Comme il s’agit du dernier jeu que j’ai terminé, je te laisse imaginer la prouesse de Sylvando, qui se range aux côtés de personnages que je fréquente depuis des années, voire depuis toujours. Sylvando est un personnage flamboyant, qui casse les codes de la chevalerie et même de la masculinité. On peut trouver ce choix surprenant de ma part après avoir évoqué Kratos mais il faut croire que je suis une personne pleine de contradictions ! En fait, certains n’apprécient pas la féminité et l’exubérance de Sylvando, comme je l’avais souligné dans mon article dédié à Dragon Quest XI. Selon moi, c’est passer à côté de l’humour et du sous-texte bienveillants du jeu. Je ne suis pas amatrice du terme, mais Sylvando ressemble à une folle. La pseudo Gay Pride de Dragon Quest XI est d’ailleurs une scène d’anthologie. Mais cela n’empêche pas Sylvando d’être un des personnages les plus sages et puissants de l’équipe. C’est là que le jeu est intelligent. Notons qu’il s’appelle Sylvia et se genre au féminin, dans la version japonaise, ce qui rend le personnage encore plus intriguant, alors que l’homosexualité ou la question du genre ne sont jamais évoquées de manière explicite dans Dragon Quest XI. Sylvando est un personnage extrêmement drôle, déluré, positif et porteur de belles valeurs.

4. La légende

C’est ainsi que cette Ode aux personnages que nous aimons se termine. Ceci étant dit, je ne vais pas te laisser partir sans aborder un dernier personnage. Bien que nous ayons beaucoup de goûts communs, il est le seul qu’Hauntya et moi avons décidé de sélectionner, toutes les deux, dans notre palmarès.

Il s’agit de Geralt de Riv, que nous avons découvert dans The Witcher III (2015), dont j’ai déjà plusieurs fois parlé sur le blog. Je laisse Hauntya le décrire mieux que moi : « Geralt est un de ces personnages qui met du temps à être apprivoisé, qui passe tout d’abord pour un mec bourru, froid et peu sensible au reste du monde. Et puis on le dévoile peu à peu, on découvre ses nuances et ses émotions, tout comme on découvre les multiples nuances de gris dans son univers fantasy. Il nous montre comment personne ne peut être juste noir ou blanc, et comment les intentions sont davantage ce qui font de nous des monstres ou des humains, peu importe l’apparence. Et son voyage est si immersif, empli de tas d’histoires, de personnages fabuleux, que quand on quitte Geralt, on ressent un grand vide, après avoir appris à le connaître et l’apprécier, comme un véritable ami à qui on dit au revoir. »

Je te remercie pour ta participation, Hauntya, et laisse-moi te souhaiter un bel anniversaire. Maintenant, je serais très curieuse de connaître, cher lecteur, chère lectrice, tes personnages favoris. J’ai peut-être même de quoi t’aider…

Ode aux personnages (

Une brève histoire du boss final

Beaucoup de bonnes choses sont arrivées dernièrement. Si je ne dois en citer qu’une, c’est le fait d’avoir rejoint le staff de PSTHC. Si tu le souhaites, tu peux déjà consulter certaines de mes news, en ligne. Mais je reste évidemment fidèle au poste, sur ce blog, et ce, un jeudi sur deux. Ce blog est un carnet de bord, c’est pourquoi je ressens l’envie, comme le besoin, d’y aborder tous les jeux que j’ai eu l’opportunité de finir. Tu l’as compris, je ne veux pas proposer de tests, mais des analyses concernant un jeu, ou plusieurs. Loin d’être une contrainte, imaginer comment je vais pouvoir aborder un jeu, est un défi assez amusant en soi. Comme j’ai testé trois jeux issus de générations différentes, dernièrement, je me suis dis que c’était l’occasion parfaite pour parler de l’évolution du boss final dans le jeu vidéo.

J’aimerais qu’on parle du boss final, en général, avant de vérifier comment il est traité dans Aladdin et Le Roi Lion, deux jeux sortis notamment sur Megadrive, en 1993 et 1994. Deux jeux que j’ai découverts grâce à la compilation Disney Classic Games. On fera ensuite un léger bond jusqu’en 1998, année durant laquelle est paru MediEvil, sur PlayStation. J’ai seulement eu l’occasion de jouer au remake mais celui-ci est sensiblement fidèle à l’original. Pour finir, on abordera Star Wars Jedi : Fallen Order, sorti sur PS4, l’année dernière.

Le boss final : keskecé ?

Crois-le ou non, le boss final n’a pas toujours existé. Le premier jeu vidéo, Pong, est sorti en 1972. Il faudra attendre deux ans avant qu’un jeu n’utilise la mécanique du boss. Le premier boss est Golden Dragon, apparu dans Dungeons and Dragons, en 1974.

As-tu déjà réfléchi à tout ce qui distingue un boss des autres adversaires ?

L’utilité première d’un boss, surtout final, est d’opposer de la résistance au joueur, notamment pour rallonger la durée de vie du jeu. Mais au fur et à mesure que le jeu vidéo a évolué, le boss a servi le gameplay, la mise en scène et bien sûr le scénario. Un boss est, par définition, plus difficile à abattre, c’est pourquoi il permet de varier les mécaniques de gameplay. Pour que la victoire soit plus gratifiante, il est souvent le protecteur d’une récompense qu’on obtient uniquement après l’avoir vaincu. Il peut s’agir d’un trésor comme, tout simplement, de points d’expérience. Le boss apporte souvent un bouleversement dans la mise en scène, de manière à être reconnaissable, et ce même s’il n’a pas été présenté au préalable. Dans bien des jeux, il a une apparence atypique voire une taille gargantuesque. Le concept de boss final s’inspire du mythe de David contre Goliath. Son apparition ou le duel lui-même peuvent être accompagnés d’une musique dramatique. Tous les boss ne sont pas essentiels au scénario, mais certains incarnent de véritables antagonistes, s’opposant au héros, dans un ou plusieurs jeux de la saga. Plus bas, tu trouveras les sources que j’ai utilisées afin d’écrire ce récapitulatif. Et maintenant que les bases sont posées, nous allons pouvoir rentrer dans le vif du sujet.

Simba affronte Oscar, mon oncle. Non, l’oncle du Singe. Non…

Le Roi Lion (1994)

• Vidéo, dernier niveau du Roi Lion et combat contre Scar.

Aladdin et Le Roi Lion sont des jeux de plate-forme reprenant, avec une grande justesse, les différents environnements des films classiques de Disney. Pour éviter de me répéter, et parce que – sans surprise – j’ai eu une légère préférence pour lui, je vais parler du Roi Lion.

Le jeu possède une dizaine de niveaux qui sont parfois ponctués de combats contre différents boss. Dans ce jeu datant de 94, les attaques et les animations possibles sont évidemment limitées. La résistance d’un ennemi se calcule donc au nombre de coups qu’il faut asséner, afin de l’éliminer. D’autre part, les adversaires ne disposent pas de barres de vie, afin de savoir où l’on en est. Il va de soi que le boss final du jeu est Scar, l’oncle fratricide. Lors du dernier niveau, Scar attaque et évite certains coups. Une animation, qui apparaît après certains coups, indique quand il commence à fatiguer. Comme il s’agit du dernier ennemi du jeu, il est pourvu d’une grande résistance et il faut le frapper un nombre incalculable de fois. De plus, le combat est découpé en trois moments. A vrai dire, il peut durer à l’infini si le joueur ne comprend pas qu’il faut finir par le pousser dans le vide, depuis le rocher du lion. Comme bien des jeux de cette génération, le boss final nécessite de l’endurance, de la persévérance et aussi de l’astuce.

(Za)rok never dies.

MediEvil (1998)

• Vidéo, « Le repaire de Zarok », dans MediEvil.

MediEvil est sorti quatre ans après Le Roi Lion, seulement. Et pourtant, il s’agit déjà de la génération de console suivante (la cinquième) et les graphismes sont désormais en 3D. Cela permet de se déplacer davantage dans l’espace, et d’utiliser plus d’animations. Il va de soi que les boss ont évolué en conséquence. Je ne m’y attendais pas mais, comme dans un Final Fantasy, MediEvil peut se targuer de proposer une succession de boss au joueur souhaitant terminer le jeu.

Le dernier niveau, intitulé « Le repaire de Zarok » propose tout simplement trois combats distincts. Les ennemis, comme les mécaniques et stratégies de combat, sont différents. Dans un premier temps, Sir Daniel Fortesque ne se bat pas directement mais doit fournir des soins à son armée de squelettes, afin de venir à bout du camp adverse. Le deuxième round est un combat contre Lord Kardok, un chevalier capable d’invoquer d’autres ennemis. Le boss final est naturellement Zarok, qui endosse cependant une forme draconique. Il m’a fallu assimiler et mémoriser les différentes attaques de Zarok afin de les éviter. Cela est indispensable car Zarok n’est vulnérable qu’à certains moments, lorsqu’il recule vers le fond de l’arène. Il faut repérer le bon timing pour l’attaquer. Cette fois, les barres de vie permettent de savoir combien de temps il faut tenir encore. Les combats seront plus ou moins difficiles en fonction de la manière dont on a parcouru le jeu. Je préconise réellement de faire les niveaux à 100% à chaque fois, de manière à récupérer tous les calices, et d’avoir le maximum d’armes ou de vies à sa disposition.

Contrairement au Roi Lion qui ne disposait pas de véritable narration (mieux valait avoir vu le film au préalable) et ne présentait pas Scar avant le combat final, MediEvil fait de Zarok un véritable antagoniste. Celui-ci est présenté dès les premières cinématiques du jeu. Bien qu’il se fasse discret par la suite, il est ce qui pousse Fortesque à poursuivre son aventure. C’est pourquoi la fin a un enjeu scénaristique. Zarok n’en demeure pas moins un antagoniste très conventionnel : il incarne le mal à l’état brut, un mal qu’il faut éradiquer afin de sauver Gallowmere.

Cal Kestis n’est pas très sœur-ein.

Star Wars Jedi : Fallen Order (2019)

• /!\ Spoiler, Vidéo, Fin du jeu

Je vais maintenant parler de Star Wars Jedi : Fallen Order afin d’aborder ce qui se fait, actuellement. Cela me peine toujours de dire cela, mais je ne t’invite à lire cette partie que si tu as déjà fini Star Wars Jedi : Fallen Order, ou si tu te moques d’être spoilé. Bien que Fallen Order ne soit pas parfait, j’ai pris beaucoup de plaisir à le faire. Le jeu dispose de moments très sympas, à commencer par l’arène de Sorco (et sa musique !) ou encore le fait qu’on puisse trouver des Tachs au sommet des arbres de Kashyyyk. Cette petite référence a tout de suite parlé à mon cœur de fan de Knights of the Old Republic. Par ailleurs, ce jeu est un très bon exemple car le traitement du boss final est très classique. Pourtant, une deuxième partie casse les codes afin de proposer une fin assez mémorable.

Il est naturel de considérer que le boss final de Fallen Order est la Deuxième Sœur. Celle-ci représente une menace croissante, du début jusqu’à la fin de l’intrigue. Aujourd’hui, la plupart des jeux vidéo proposent une narration et une mise en scène de plus en plus cinématographiques. La Deuxième Sœur est donc un personnage à part entière, dont on apprend progressivement le passé et l’identité. Elle représente un obstacle pour Cal Kestis, à plusieurs reprises, avant de l’affronter une dernière fois, au sein de la Forteresse Inquisitorius. Fallen Order possède des combats assez techniques, bien que la difficulté varie grandement en fonction du mode choisi. Quoiqu’il en soit, une défaite renvoie le joueur au dernier point de sauvegarde, en plus de le priver des points d’expérience accumulés. Ceux-ci ne peuvent être récupérés qu’en frappant de nouveau l’ennemi à l’origine de cela. Autre fait notable, bien qu’il soit possible d’explorer les différentes planètes, après avoir terminé l’histoire, le jeu ne propose pas de jouer une deuxième fois les événements de la Forteresse Inquisitorius.

Mais Fallen Order est surprenant dans la mesure où l’on peut considérer qu’il existe un autre boss, après la Deuxième Sœur. Et je ne parle pas d’un boss secret, post-game. Je fais référence à un personnage iconique qui survient, sans prévenir, juste après l’affrontement. J’ai trouvé la narration et la mise en scène inouïes grâce au paradoxe suivant : Cal Kestis ignore de qui il s’agit car les événements se déroulent peu après l’histoire de la Revanche des Sith. Le joueur, lui, sait pertinemment à qui il a affaire. Je dirais même qu’il a ardemment espéré le voir, jusqu’ici. On pourrait qualifier cet acte final de très bon fan service. Le personnage en question représente une menace inouïe, pas seulement parce que le joueur connaît ses antécédents, mais aussi grâce à la mise en scène, nommément le son et la musique. Il est encore hors-champ lorsque retentit le bruit iconique de sa respiration. C’est lui qui achève la Deuxième Sœur, tandis qu’apparaissent les premières notes du thème « Duel of the Fates ». Je peux te dire que j’en ai frissonné, avant de me demander si j’allais vraiment devoir affronter cet adversaire. Il paraît d’autant plus intimidant qu’on sait pertinemment qu’il ne peut être vaincu. Sinon, comment pourrait-il y avoir un Épisode 4 ? Le jeu propose de l’affronter, en vain, afin de ressentir la toute-puissance de ce combattant imbattable. Nous n’avons alors qu’une seule solution : fuir ce Némesis indestructible. On se sent d’autant plus vulnérable que la fuite est jouée, et non seulement montrée.

Comme quoi, malgré la foule de boss finaux incroyables qui existe, et même si ce n’est pas le premier boss qui nécessite de fuir, le jeu vidéo est toujours capable de se ré-inventer, grâce au gameplay, à la narration ou à la mise en scène.

Oh, la belle tête de vainqueur.

Bilan

Cette brève histoire du boss final n’avait évidemment pas pour but d’être exhaustive. J’ai simplement pu constater que ces jeux, appartenant à trois générations, racontaient tous quelque chose de différent, au sujet du boss final. Avant de te laisser partir, j’aimerais te proposer un diaporama des boss qui m’ont marquée, que ça soit à cause de la difficulté du combat, de l’enjeu narratif ou encore de la beauté de la mise en scène. Et toi, quels boss t’ont traumatisé ?

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Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Boss

http://www.jeuxvideo.com/dossiers/00011932/les-boss-dans-le-jeu-video-un-peu-d-histoire-les-premiers-boss-002.htm

http://www.jeuxvideo.com/dossiers/00011932/les-boss-dans-le-jeu-video-les-boss-en-details-boss-final-020.htm