Dossier #4 : (Mon) Histoire du RPG

J’adore les jeux vidéo, et ceux que je préfère par-dessus tout sont les RPG. Dernièrement, j’ai terminé Légendes Pokémon : Arceus qui, en dépit de ses défauts, m’a permis de m’évader. Vous pourrez d’ailleurs prochainement retrouver mon test sur Pod’Culture. J’en suis venue à me faire la réflexion que, même s’il s’agit de mon genre de prédilection, je n’ai pas des connaissances énormes sur le sujet, et ne me suis d’ailleurs jamais demandé pourquoi ces jeux me faisaient autant vibrer. Ce que je vous propose, c’est un article retraçant l’histoire du RPG, certes, mais entrelacé à ma propre histoire, ou du moins celle que j’ai en commun avec les titres m’ayant le plus marquée.

I. Les origines du RPG [1970-1992]

Comment est né le RPG ?

Le RPG trouve son origine dans les années 70. Pour cause, il est l’héritier des jeux de rôle sur table. Le premier d’entre eux est un titre un peu obscur et méconnu : Donjons et Dragons. Ce jeu de rôle inventé par Gary Gygax et Dave Arneson se joue avec des dés. Il pose plusieurs règles des futurs RPG comme l’introduction de combats au tour par tour, de points de magie ou même d’une accointance avec l’heroic fantasy.

C’est seulement en 1975 que serait apparu le premier jeu de rôle numérique, fort inspiré de Donjons et Dragons. DND aurait été développé dans une université du Sud de l’Illinois. L’objectif était de vaincre les ennemis d’un donjon, avant de récupérer le trésor et de remonter à la surface. Il est fort probable qu’au moins deux autres jeux aient été développés dans la même période que DND, c’est pourquoi il faut retenir cette information avec prudence.

Ultima, apparu en 1981, est le premier RPG à utiliser un système de cartes pour aller d’un environnement à un autre. Il fut développé par Richard Garriott et inspira Dragon Quest.

Des enfants jouent à un jeu de rôle, l’un des écrans de DND et le menu d’Ultima

1986 est une date clé pour les jeux vidéo, comme pour les RPG. En 1986, The Legend of Zelda est le premier jeu à proposer un système de sauvegarde. Il est rapidement suivi par un certain Dragon Quest. Les RPG auraient effectivement eu du mal à exister, sans la possibilité de sauvegarder ! Ces deux petits bijoux arrivent sur Famicom, ou NES, pour les intimes.

Dragon Quest, le premier RPG emblématique ?

Le premier Dragon Quest permet d’incarner le Héros, un descendant de Roto. Il est le seul capable de sauver la princesse Laura, et de ramener la lumière dans le monde. Dragon Quest est le premier né d’une longue lignée. Le onzième et dernier opus principal en date s’intitule Les Combattants de la Destinée. Il s’agit aussi du premier Dragon Quest que j’ai fait et il m’a bouleversée, car il était imprégné autant des bases de la franchise, que du genre du RPG lui-même.

Dans Dragon Quest XI, nous sommes toujours amenés à incarner un Héros destiné à préserver la lumière dans le monde. Ce qui va changer, ce sont les péripéties et les acolytes constituant l’équipe. Il m’est impossible de ne pas mentionner Sylvando, un chevalier singulier dont le genre n’est guère défini et qui n’hésite pas à reconstituer une scène digne de la gay pride. Dragon Quest, ce sont des personnages hauts en couleurs et des rebondissements, sublimés par une musique mémorable ainsi qu’une direction artistique à se damner. Le style artistique est en effet celui du seul et unique Akira Toriyama, qui travaille sur Dragon Quest, depuis presque aussi longtemps que sur Dragon Ball.

Un aperçu du premier Dragon Quest sur NES, une illustration d’A. Toriyama et Sylvando (Dragon Quest XI)

Qu’est-ce qu’un RPG ?

Dragon Quest est par ailleurs un bon exemple pour rappeler la définition exacte d’un RPG. Un RPG consiste à incarner un ou des personnages afin de les faire évoluer, au sein d’un univers vaste. Généralement, le scénario est assez complexe pour assurer une durée de vie conséquente. Le jeu alterne entre des phases d’exploration, de dialogues et surtout de combats, au tour par tour. Afin de progresser, le personnage doit acquérir des points d’expérience, compléter un arbre de compétences ou utiliser un équipement plus efficace. Un RPG se situe généralement dans un univers médiéval ou au contraire futuriste. Tous deux possèdent une part de fantastique. Le background est notamment alimenté par les PNJ et les quêtes annexes.

Le RPG est lié à de nombreux sous-genres, à commencer par l’Action RPG, qui, désormais très populaire, permet de rendre les combats plus dynamiques. Au reste, on peut aussi mentionner le Hack and Slash, le Rogue Like, le Tactical RPG, le MMORPG et même le jeu de rôle par forum. Pour l’anecdote, sachez que – plus jeune – j’ai passé des années à écrire sur des jeux de rôle par forum, voire même à les administrer et les modérer ! Le but était de créer une fiche de personnage, avant de raconter ses aventures, uniquement par écrit. Les autres joueurs et joueuses répondaient avec leurs propres personnages, et nous bâtissions ainsi une histoire commune, par les seuls pouvoirs de l’écriture et de l’imagination.

De Dragon Quest à Final Fantasy

C’est en 1987 que la petite sœur de la saga Dragon Quest arrive sur Famicom. Je veux bien entendu parler de Final Fantasy. Le premier titre de la franchise met en scène les Guerriers de la Lumière, dans un univers gouverné par les cristaux élémentaires. Chaque membre de l’équipe peut appartenir à une classe, comme Guerrier, Mage blanc ou Mage noir. A partir de Final Fantasy III, la série devient aussi célèbre pour son système d’invocations. Aujourd’hui, la saga principale – anthologique, comme Dragon Quest – comporte 15 épisodes. J’ai joué à la majorité d’entre eux, parfois même quand j’étais enfant. C’est pourquoi il s’agit de l’une de mes licences de cœur. Le thème principal des Final Fantasy, l’un des seuls à revenir, est particulièrement émouvant. Mais je m’attarderai plus amplement sur la saga, plus tard.

Un village de Final Fantasy, le combat dans Final Fantasy puis dans Final Fantasy IV (Complete Collection)

Qu’est-ce qu’un JRPG ?

Il est grand temps de mentionner le fait qu’il y ait deux écoles, ou deux styles de RPG. Dragon Quest et Final Fantasy sont des JRPG. Le RPG japonais introduit généralement toute une équipe de héros, afin de venir à bout de la quête principale. Le JRPG possède initialement des combats au tour par tour, bien que l’action tende à se démocratiser. Ce qu’il faut retenir par-dessus tout, c’est que le JRPG est très dirigiste par rapport aux RPG occidentaux. Pour ne citer que cela, les joueurs et joueuses n’ont pas une grande étendue de choix et les dialogues ont rarement des conséquences sur le dénouement. Pour l’anecdote, les pays occidentaux n’adhèrent pas tout de suite aux RPG. C’est pourquoi les premiers Dragon Quest et Final Fantasy mettront des années à débarquer en Europe, notamment.

A-RPG, MMORPG et 3D

La même année débarque YS, probablement le premier A-RPG. YS est également devenu le pionnier d’une longue licence de jeu vidéo. Celle-ci ayant eu du mal à se faire une place en Europe, on peut davantage retenir des titres comme Secret of Mana (1994) ou Star Ocean (1996).

En 1991, Neverwinter Nights est le premier MMORPG entièrement graphique. Il s’agit d’un jeu massivement multijoueurs, en ligne.

1992 fut une grande année, pas seulement parce que votre humble narratrice naquit, mais aussi parce que les jeux vidéo commencèrent à être en 3D. On peut mentionner le survival horror Alone in the Dark, sur PC. Nous allons donc entrer dans une nouvelle ère…

Un dialogue dans YS, un aperçu du MMORPG Neverwinter Nights et d’Alone in the Dark, en 3D

I. Les origines du RPG [1970-1992]II. L’arrivée de la 3D et l’essor des RPG [1994-2004]III. Un genre victime de son succès ? [2007-2020]

17 réflexions au sujet de « Dossier #4 : (Mon) Histoire du RPG »

  1. Quel article ! J’adore jouer à des RPG mais bizarrement, ma liste de jeux du genre n’est pas conséquente. Certains ne m’intéressent pas des masses je dirais. Mais j’en ai testé quelqu’un grâce à Playstation mag que ça soit des obscures (The Granstream Saga… il était pas ouf ouf mais je ne sais pas pourquoi, j’aimais bien y jouer à la démo) ou d’autres qui m’ont marquée comme Jade Cocoon et Legend of Dragoon… juste pas leur démo. C’est fou quand même.
    Bon, je pense que tu me connais à force et que tu sais que Final Fantasy fait partie intégrante de ma vie (depuis plus de 20 ans). Moi aussi, lorsque j’entends le thème de la saga, je ressens une telle émotion. Les frissons et la boule à la gorge sont au garde à vous.

    Il y a pas mal de choses que je savais concernant le RPG (déjà Donjons et Dragons je connaissais bien que je n’y ai jamais joué) mais ça fait plaisir de lire un telle rétrospective afin d’en apprendre plus ou de rafraîchir la mémoire. Et le fait que tu y rajoutes ton expérience personnelles avec le genre rends l’article authentique et vivant. Merci ♥

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    1. Et oui, je sais que tu aimes Final Fantasy autant que moi ! J’ignorais en revanche que tu n’adhérais pas plus que cela à d’autres RPG. Et j’admets ne pas connaître ceux que tu as mentionnés. Merci à toi d’avoir pris le temps de me lire et de me donner ce bel avis 😀

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      1. Ben c’est pas que j’adhère pas mais y en a qui ne m’intéressent pas plus que ça comme les occidentaux par exemple (après je suis pas mal intéressée par The Witcher… ouais j’y ai jamais touchée encore ^^’).

        Au plaisir 😉 !

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  2. Bravo pour ce magnifique dossier, c’est très cool de le diviser en plusieurs parties d’ailleurs. Le RPG demeure un genre complexe malgré tout, et très évolutif au regard des nouveaux enjeux narratifs que les développeurs cherchent à relever, les technologies de l’image qui ne cessent d’évoluer, etc. C’est marrant, car ton histoire personnelle des RPG est très proche de la mienne. On a essentiellement joué aux mêmes jeux ^^.

    Et bizarrement, même si j’aime les RPG (occidentaux ou d’influence nippone) je me rends compte que j’y joue de moins en moins. Sûrement qu’inconsciemment je ne suis plus prêt à sacrifier des centaines d’heures pour un seul jeu de ce type-là. Je crois que ce sont les RPG Ubisoft qui m’ont rebuté à la base (les Assassins Creed et Far Cry notamment).

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    1. Tout d’abord, merci pour ton commentaire ! Il devient effectivement difficile de distinguer le pur RPG du jeu qui emprunte juste énormément de mécaniques au genre, aujourd’hui. Ah c’est drôle qu’on ait autant de jeux en commun ! C’est clair que cette omniprésence des RPG ou RPG-like commencent à en rebuter plus d’un, déjà que, de base, le genre est extrêmement chronophage. Moi-même je mets plus de temps à faire mes jeux depuis que ma vie privée a évolué, j’essaie donc de les choisir avec attention. Certes, j’adore toujours autant ce genre mais le temps n’est pas extensible ! Surtout quand on aime les Platine (a)

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  3. Je t’ai déjà dit de vive voix tout le bien que je pensais de ce dossier mais je le répète encore ici ! 🙂 (Ah, les RPG par forums, souvenirs souvenirs…. mais oui, c’est l’impression de créer sa propre histoire qui est le coeur du RPG !) Comme toi, même si j’en ai fait beaucoup moins, j’ai beaucoup d’affection pour certains RPG, dont les longues heures de jeu donnaient vraiment l’impression de plonger dans un autre monde, une autre Histoire, en créant sa propre destinée. Je me souviens des heures d’enfance sur Pokémon Argent et Rouge, mais j’aurais du mal à y retourner aujourd’hui ! Par contre, Final Fantasy VIII est vraiment un chouchou d’enfance et il a toujours marqué ma vie de gameuse, comme les autres FF en général ont toujours un peu nourri mon imagination. Et puis, The Witcher 3 est comme toi un des jeux qui m’a fait plonger dans le RPG et vers la Playstation 4, grâce à toi d’ailleurs ! Dragon Age Inquisition est aussi un excellent souvenir avec sa centaine d’heures de jeu, toujours en épique, quêtes variées et personnages plus intéressants les uns que les autres.
    Découvrir l’histoire du RPG et JRPG (et leurs différences) est passionnant au fil de ton article, et surtout enrichissant, de sa naissance aux différentes évolutions graphiques et techniques. Je recroise des noms de jeux légendaires comme Secret of Mana ou Valkyrie Profile, dont j’avais beaucoup écouté les OST plus jeune aussi ! Et même si je n’ai pas adhéré autant que toi à Yakuza : Like a dragon, j’espère qu’il permettra un renouveau du RPG avec un bel équilibre. Si tu me donnes envie de découvrir Fallout, je suis curieuse de découvrir aussi des RPG qui changent de l’atmosphère médiévale ou futuriste à l’avenir, comme la suite d’Horizon ou Steelrising (même si je crois que finalement ce sera plus orienté action), simplement pour changer d’atmosphère. De mon côté, côté RPG, je ne peux que recommander Greedfall, qui essaye d’atteindre Dragon Age sans y arriver, mais qui est fortement dépaysé et axé sur les relations avec les personnages aussi. Cyberpunk, évidemment, je sais que tu y joueras aussi, et à sa manière il est assez immersif aussi, sans atteindre The Witcher ! Bon, de mon côté c’est paradoxal, car je sais que si j’aime le genre, je n’ai pas toujours le courage d’y consacrer autant d’heures qu’il serait souhaitable. Mais le jeu en vaut souvent la chandelle !

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    1. Et merci encore pour le compliment 🙂 Les RPG ont marqué la ps1 avec Final Fantasy, la ps2 avec Kingdom Hearts,… Je n’ai pas eu la ps3 mais je pense que le Harry Potter, et plus sûrement le KOTOR risquent de marquer la ps5. Quant à la ps4, il y en a eu tellement, à commencer par The Witcher… Oh bah certains RPG te plairaient oui. Si tu as peu de te lancer dans Fallout 4 qui est chronophage, commence donc par The Outer Worlds qui est très court pour un RPG.

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  4. Pour ne pas changer : c’est un superbe article que tu nous offres là. J’aime beaucoup ton approche. C’était très malin de mêler la présentation du genre à ton vécu personnel, ça rend la lecture d’autant plus intéressante qu’elle permet d’en apprendre plus sans se cantonner à une présentation presque « scolaire ».

    Comme tu le sais, je ne suis absolument pas calé niveau RPG. Si je connais la plupart des noms que tu as évoqués, je n’ai joué qu’à très peu d’entre eux. Et le cas échéant, je n’ai pas du tout aimé. Je pense notamment à Final Fantasy, que j’avais testé à l’époque de la PS1 et auquel j’ai relaissé une chance à la sortie de FF7 Remake en testant la démo, sans succès. Il y a aussi Fallout 4, dont j’avais regardé un let’s play quasi complet qui ne m’a pas du tout passionné.
    Cela dit, je pense que l’explication à ce manque d’affect de ma part est assez simple. N’étant pas le plus grand fan des univers médiévaux ou fantasy, je pars avec un sacré malus. J’attends tout de même avec impatience la version PS5 de The Witcher 3, pour voir si j’arriverai enfin à dépasser ça. Après tout, à la base, je pensais ne pas adhérer à Horizon Zero Dawn, et on a vu le résultat haha.

    Malgré tout ça, je ne peux que rejoindre ton constat vis-à-vis de la surexploitation du genre aujourd’hui. Beaucoup de jeux « ternissent » l’image du RPG en usant et abusant de ses mécaniques à mauvais escient. Je pense notamment aux jeux d’action-aventure, dont la norme est désormais d’inclure coûte que coûte des mécaniques dites « light-RPG » qui, parfois, n’apportent rien de pertinent… mais font gonfler la durée de vie artificiellement. C’est bien dommage.

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    1. Je n’ai pas réussi à me décider entre un mini cours sur le RPG et une lettre d’amour avec mes souvenirs, j’ai donc en effet tenté de concilier les deux. C’est vrai que, connaissant tes goûts, je ne me risquerai pas à te conseiller tel ou tel RPG. Dans les productions à venir, le Star Wars KOTOR et le Harry Potter enverront certainement du lourd. Il est en effet regrettable que les jeux vidéo soient comme les block busters actuellement. On reprend inlassablement la même recette, jusqu’à l’écœurement. Enfin, on généralise mais il reste d’innombrables pépites 🙂

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  5. Merci pour cette belle replongée dans les RPG ! Un genre vers lequel je finis toujours par revenir dès que le temps me le permet, sûrement grâce à ses univers variés et surtout à sa brochette de personnages (je peux me focaliser des heures sur les quêtes dédiés aux membres de l’équipe, plutôt qu’au récit principal). Le petit interlude sur le jeu de rôle a ravivé pas mal de souvenirs (que ce soit en tant que joueuse ou administratrice de ces univers temporaires). ça ne rajeunit pas !

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      1. Oui pendant des années (rien que 6 ans sur un forum et les multiples forums que j’ai écumés. ça rajeunit pas du tout !) Et je t’en prie pour les commentaires. Je lis tes articles pendant ma pause au boulot mais il faut ensuite que je prenne le temps de coucher par écrit mes impressions.

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